2002, Afghanistan.

Une pupille noire, un iris bleu clair entouré de blanc, c’est un visage fatigué qui se lisait sur un jeune homme d’environ la trentaine. Clyde McArthur avait le regard rivé sur son supérieur, attendant l’ordre de passer à l’attaque, qui sera donné dans quelques instants. Sa G-36 en main, un groupe de rebelles afghans les avaient pris pour cible. Dans l’abri en terre de sa patrouille, l’odeur de la mort se faisait sentir. Mais ses mains ne tremblaient pas, son expression n’était pas apeuré. Il n’y aurait pas de corps à corps, les balles fuseraient autour de lui et ses compagnons d’armes. Son supérieur lui fit signe. L’assaut fut donné. « La meilleure défense, c’est l’attaque. » Telle était la devise de son corps militaire. Jaillissant de leurs caches, les soldats écossais donnèrent l’assaut…

Commissariat de police, 15h36, de nos jours…

BANG !! Ce bruit se répéta sept fois de suite. Le Desert Eagle était un des meilleurs amis de Clyde McArthur. Différent de l’arme qu’il avait l’habitude d’avoir entre les mains il y a de ça des années, mais c’était quand même un petit bijou.
Il avait beau être professeur de psychologie à l’université de Brown, l’homme n’avait jamais pu tirer un trait sur son passé de militaire. Trop de choses dans sa vie y étaient concentrés. Trop de choses qui lui prenaient la tête d’ailleurs. Pour cette raison, il avait gardé un bon contact avec les agents de police de la ville. Ancien membre du F.B.I, ancien privé, l’accès au commissariat lui restait grand ouvert. Et Clyde en avait profité durant son temps libre pour décompresser en séance de tir. S’apaiser avant d’assurer un cours de 16h30 à 18h00, les étudiants pouvaient s’estimer heureux qu’il calme ses nerfs ailleurs que sur eux.

« T’en penses quoi Ray ? » Se retourna Clyde en adressant un sourire à un policier qui l’observait.

« J’en dit qu’t’as une sacré chance de cocu. Les criminels devraient s’estimer heureux qu’tu sois un retraité ! » Lui répondit l’autre avec autant de joie de vivre.

Lui tendant l’arme, Clyde se délesta du matériel utilisé. Lunette de protection, casque et gants furent rangé dans l’endroit approprié avant que les deux hommes quittent la salle d’entrainement pour revenir vers l’accueil du commissariat. Peu de choses intéressantes en cet après-midi, pas même un jeune adulte récalcitrant à tabasser. Navrant.
C’est en offrant un café à son ami policier que Clyde porta son attention sur une nouvelle venue. Une jeune fille qui ne lui était pas totalement inconnue…

La gorge serée, les cheveux défaits, le trait noir entourant ses yeux coulant, la jeune fille arriva au commissariat tenant son grand sac à main dans ses bras, plaqué contre son ventre. La jeune brunette avait un bleu sur le bras et un trait de sang sur l'autre avant-bras... Elle avanca pas à pas dans le couloir et s'addossa contre le mur pour faire la queue. Sur son visage, on pouvait y voir un mélange de peur et de panique... La personne se positionnant devant elle partit s'assoir dans la salle d'attente. Ce fut le tour de la jeune fille. Elle se retrouva face à un jeune policier. Il lui demanda son prénom et une carte d'identité. La jeune femme racla de la gorge et il fallut attendre quelques secondes avant qu'un mot puisse sortir de sa gorge.

" Andie Grace Presley " Lacha t-elle dans un même souffle. Puis elle ouvra son grand sac et y passa la main dedans pour chercher sa carte d'identité. Sa main était frêle, tremblante encore de peur. Elle saisit son porte-feuille et y retira sa carte d'identité. Andie la posa sur le comptoir, puis regarda le policier.

" Que souhaitez vous faire Mademoiselle Presley ? " Demanda le policier à la jeune fille. Il se doutait bien de se qu'il s'était passé mais il posa sa question professionellement et même automatiquement. Après avoir retranscrit quelques données sur son ordinateur, il rendit sa carte d'identité à la jeune Andie. Elle la reprit et la rangea.

" Je souhaite déposer plainte... " Répondit Andie à demi-ton. Elle se mordit la lèvre inférieure un peu honteuse, bien qu'il n'y avait pas de honte à avoir. Elle jeta un regard sur le policier en face d'elle. Il tapota sur son clavier, l'imprimante se déclencha. Il saisit la feuille imprimée.

Le policier leva le menton et rétorqua haut et fort. " Est-ce quelqu'un est disponible pour un dépot de plainte ? " Andie tourna la tête pour observer les alentours et surtour pour voir si quelqu'un allait s'occuper d'elle ou pas... Après ce qu'il s'était passé, elle avait bien besoin de réconfort... Deux policiers répondirent que non, ils n'étaient pas disponibles... En regardant sur sa gauche elle vit deux autres hommes. L'un deux lui semblait familier mais elle ne connaissait aucun policier... Pourtant, Andie avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part... Le jeune policier en face d'elle réitéra sa demande... " Bon, personne pour s'occuper de la jeune fille ? "

C’était intéressant de voir que même dans un endroit comme celui-ci, qu’il utilisait pour se changer les idées, Clyde en venait à se questionner. Il ne fallut qu’un simple visage, celui d’Andie Presley, pour que surgisse immédiatement l’envie de savoir d’où il pouvait la connaitre. Une curiosité vraiment chiante, à tel point qu’il en rumina pour lui-même un juron derrière son gobelet de café.

McArthur observa la jeune fille un vague moment avant de feindre une observation des autres personnes. Il s’en foutait royalement en revanche, de qui se trouvait présent et les problèmes qu’ils pouvaient avoir. Mais au moins, personne n’aurait idée de son trouble momentanée. Personne hormis Ray, son camarade de l’instant présent, qui perçut rapidement son petit jeu. Il faut dire que celui là le connaissait assez pour se douter de quelque chose.

« Quoi ? »

Le prénommé Ray venait de le bousculer amicalement, le sortant par la même occasion de ses pensées et ramenant son attention sur lui. Clyde se détourna de la vision globale, ne prêtant pas plus attention à l’agent qui demandait un coup de main pour s’en sortir.
Le professeur allait reprendre une discussion avec son ami, une discussion sur le sexe et le sport, comme à leur habitude. Sauf qu’il fut devancé par celui-ci, qui ne manqua d’étonner Clyde par sa réplique.

« Pauvre fille. Personne n’a l’air de vouloir s’occuper d’elle. Bon sang, si seulement je n’étais pas marié, je crois bien que je … »

« Tu ferais rien du tout, t’es plus qu’un sac à viande de trente balai aujourd’hui. » Rétorqua Clyde, terminant la phrase de son ami en se retournant de nouveau, avec un œil soudain illuminé. « Hey Mike, Ray va s’en occuper, bureau 3. »

La voix de Clyde résonna fortement dans la grande pièce. Tout le monde l’avait entendu, bien sur c’avait été le but. Il ne porta pourtant plus aucun regard envers la jeune fille, et se contenta de prendre une nouvelle boisson chaude au distributeur le temps que Ray et l’étudiante se rendent dans un endroit plus apte à déposer une plainte.

C’est dans ce même bureau que Clyde fit irruption quelques minutes plus tard. Le flic derrière son bureau à poser des questions, la victime face à lui à répondre. Et Clyde, l’inconnu, le visiteur du jour qui s’incrusta dans la pièce en posant la boisson préalablement préparée, devant Andie Presley.

Andie suivit le policier, Ray, à se qu'elle avait entendu... Elle traversa le couloir tenant toujours son sac contre elle. Elle allait porter plainte contre la personne qui l'avait agressé en pleine rue... Ce n'était pas le plus beau jour de sa vie mais elle était heureuse de s'en être sortie avec une seule égratignure sur le bras... Andie s'assit sur la chaise, face au bureau de Ray. Il allait s'occuper de sa plainte. Elle n'était pas sûre qu'il soit ravi de le faire puisque s'était son co-équipier qui l'avait proposé à sa place... Et cette personne là, Andie pensait la connaître... Mais d'où... Le jeune homme semblait être un policier puisqu'il se trouvait dans le commissariat... Mais Andie se répéta qu'elle ne connaissait pas de policier, et surtour pas à Providence... Ce qu'Andie ignorait, c'est que Clyde n'était pas policier, ou du moins "ne l'était plus"...

Cela faisait quelques minutes que Ray était assis en face d'elle et qu'il tapotait sur son clavier. Il appuyait fort sur les touches et cela faisait beaucoup de bruit dans cette pièce silencieuse. On entendait au loin les talkie-walkies qui retentissait dans les autres salles du commisariat. Celui de Ray bruissonnait également à intermittences. La porte s'ouvrit et le jeune homme qu'elle connaissait sans savoir d'où, entra. Elle se retourna face à Ray. Le jeune homme déposa une boisson chaude devant la jeune fille. Elle leva les yeux vers lui et lui sourit sans grande conviction... ce qu'il s'était passé il y a plusieurs minutes maintenant ne s'enlevait pas de sa tête. " Merci... "Elle aurait voulu sourire plus sincèrement mais elle n'y arrivait pas.

Ray était enfin prêt à prendre sa déposition... Il releva les manches de sa chemise et regarda la jeune femme. " Expliquez-moi ce qu'il s'est passé... " il regarda dans ses fiches avant de poursuivre " ... Andie ". Il attendait donc une expliquation de ce qu'il s'était passé exactement...

Andie commenca à expliquer avec difficulté ce qu'il lui était arrivée... " J'étais rue Main Street sur la 42ème et j'ai voulu prendre un raccourci pour traverser le paté de maison plus rapidement... " Mais, elle ne pu finir son discours puisque Ray fut appeler sur son talkie-walkie. Ray demanda à Andie de patienter quelques secondes... Andie acquiesa d'un signe de tête. Ray saisit son talkie-walkie et répondit: " 6510..." Ce qui signifiait qu'il écoutait son interlocuteur. Le talkie répondit: " Ray on a besoin de toi sur Grandey Street, à l'angle de la 6ème avenue... Ton équipe est déjà en route... " Ray observa son ami qui s'était assis sur le devant d'un bureau... Ray se leva et prit sa veste, il allait en intervention... Andie regarda la situation, déciment, personne ne pouvait s'occuper de son cas...

Il y avait une certaine ségrégation dans le poste de police, visible et marquante. Il s’agissait tout bêtement du code vestimentaire des agents de polices. A ce trait, Clyde n’apparaissait pas vraiment comme l’un des leurs, mais la prestance dont il faisait preuve et les relations amicales qu’il semblait tenir avec les policiers d’ici lui offrait une place tout aussi semblable. Enfin, aux yeux des gens, c’est ce qui se reflétait surement.

Ce qui était bizarre connaissant Clyde, c’était la petite attention faite à celle qui venait déposer une plainte. Une sorte de réconfort, aussi petit soit-il. Il ne lui offrirait surement pas un sourire rassurant, loin d’être son style. Même le remerciement qui s’en suivit ne lui fit rien de particulier, c’était dire le comportement assez néfaste du professeur face à une telle situation. Par la suite, il écouta tout simplement question et réponse.
Mais finalement, une énième alternative vit le jour lorsque Ray reçu son appel. Dès l’instant ou McArthur posa les yeux sur son regard, il saisit que la jeune fille devrait attendre. C’est avec un signe d’affirmation envers Clyde que Ray referma la porte du bureau, laissant les deux personnes en tête à tête.

« Font chier… Avec tout les moyens à leurs disposition, y’en a pas un seule qui peu prendre ta déposition. » Annonça finalement Clyde McArthur dans la petite pièce où il se trouvait.

Sans aucune gêne, l’homme d’allure désagréable alla s’installer à la place occupée précédemment par le policier. Il n’avait aucun droit sur ce qui se passait actuellement, aucun droit d’interroger l’étudiante et donc, encore moins le droit de jeter un œil à son dossier. Hors, c’est exactement ce qu’il était en train de faire. Il n’apprendrait pas grand-chose, hormis cela.

« Andie Grace Presley… » Lut Clyde, les yeux sur le papier face à lui. « Raconte-moi ce qui s’est passé, dis moi pourquoi tu te retrouves dans cet état ? Et détend toi, il ne t’arrivera rien tant que je serais avec toi. » Ajouta-t-il ensuite.

Déposant le dossier sur la table, Clyde rapprocha le fauteuil du bureau pour y prendre appui. Il n’avait pas l’âme d’un bon samaritain, la vie des autres lui importait peu désormais. En revanche, il n’avait que peu d’estime pour quiconque s’attaque à une femme. Il en avait d’ailleurs oublié momentanément l’envie de savoir où il avait déjà vu ce visage.

Ray partit en refermant la porte derrière lui... Il laissa ainsi Andie et le jeune homme dans la pièce. Les stores étaient à demi-baissés et la pénombre avait envahit la pièce. Les talkies-walkies continuaient de gronder les uns avec les autres. Mais le jeune homme qui restait n'en possèdait pas... Le silence se fit entendre. Il s'assit et observa le dossier, puis jeta un coup d'oeil à Andie. Il prit appuit sur le bureau et demanda à Andie de lui raconter ce quil s'était passé. Il essaya de la rassurer, et les mots qu'il employa plu à la jeune femme. Il lui demanda de se détendre et la rassura sur le fait qu'il ne lui arriverait rien tant qu'il était avec elle... Oui, mais après ?? Dehors, il n'y aura aucun policier pour la protéger... Elle était nouvelle en ville et voilà qu'il lui arrivait déjà des problèmes... Elle soupira et recommenca sa description qu'elle souhaitait faire assez brève... Elle reprit son discours tout en regardant vers le bas...

" J'étais donc sur la Main Street à la 42ème et j'ai voulu prendre un raccourci pour traverser le paté de maison plus rapidement... " Elle regarda le jeune homme et leurs regards se croisèrent... "... J'étais presque de l'autre côté quand quelqu'un m'a attrapé par l'épaule et a essayé de me prendre mon sac... Je n'ai pas voulu le lâcher... Peut-être que j'aurais du tout compte fait " Elle replaça une mèche de cheveu derrière son oreille. " Il m'a donné des coups pour que je lâche mon sac " Elle regarda le bureau, puis à nouveau le jeune homme qui écoutait attentivement. " Et dès que j'ai pu lui échapper, j'ai courru... "

Lorsqu'elle eu finit son discours, elle soupira à nouveau et attendit la réaction du "policier"... Elle ferma les yeux l'espace de deux secondes et réalisa que finalement ça n'était pas si important que ça, face à toutes les autres grosses affaires qu'ils avaient...

Ce n’était pas son job actuel, mais rien dans son comportement ne pouvait trahir une quelconque erreur d’initiative. Clyde avait l’air confiant de ses paroles, de ses gestes. La seule chose qui pouvait choquer à cet instant, c’était qu’il ne posait toujours pas ses yeux sur Andie Presley, malgré le sentiment que ça ne pourrait que la rassurer un peu plus.

Mais à quoi bon la rassurer ? Que pouvait dire le professeur suite aux déclarations de l’étudiante ? Son récit avait été clair, elle avait été victime d’une agression physique. Lui dire que ces cas là sont rares seraient lui mentir. Lui dire que tout irait bien pour elle à l’avenir également. Non. Clyde McArthur le savait, le monde était pourri. Tout du moins, à l’intérieur de son monde à lui, c’était ce qu’il ressentait. Seules quelques rares personnes, dont Ray, étaient considérés comme dignes de sa confiance.

« Intéressant… » Murmura Clyde en joignant ses mains pour les placer vers son menton barbu.

Il fallait le voir pour le croire. Aucun réconfort, aucune parole qui laisserait croire que Clyde allait se bouger le cul pour aider la jeune Presley. L’archétype même du mec qui ne pensait qu’à son bien-être.
C’était pour autant différent dans son état d’esprit. La situation dans laquelle Andie était tombait était triste bien évidemment. C’est ce que tout le monde dirait, tout le monde compatirait à sa douleur. Les belles paroles habituelles en somme, que Clyde n’utilisa pas, laissant un vague silence s’installer avant que la brunette ne reprenne la parole, interpellant cette fois-ci, le regard glacial de McArthur.

« Reste assise. Je n’ai pas terminé. » Lui annonça le trentenaire d’une voix convaincante.

Il se releva alors et sortit de la pièce, refermant la porte derrière lui. Restant une bonne minute absent, Clyde revient finalement avec un porte document. Il ne reprit pas sa place derrière le bureau mais resta debout. Posant la mallette sur le bureau, il composa un code pour l’ouvrir sous les yeux d’Andie, qui ne devait pas vraiment comprendre la manœuvre.

« Tu as vu de qui il s’agissait ? A quoi ressemblait-il ? » Questionna le pseudo flic, furetant dans les papiers contenu dans la mallette. « C’est intéressant. Être attaqué en pleine journée, seul un récidiviste aurait cette audace… » Continua-t-il, n’accordant qu’un bref regard sombre à Miss Presley lui intimant de répondre.

Andie allait se levé et partir. Pour la simple et bonne raison qu'elle ne voyait pas l'intérêt d'être ici. Et de toute façon, elle ne voyait pas comment sa plainte pourrait aboutir: elle ne connaissait pas l'idéntité de son agresseur. Il était arrivé par derrière et avait tapé la jeune femme... Andie se souvient avoir vu son visage mais dans le feu de l'action... Elle n'y avait pas fait très attention. Sur le coup, elle préférait essayer de s'enfuir plutôt que d'identifier le visage du voleur de sac à main... Le policier lui dit de se rassoir. Ce qu'elle fit en soupirant... Il se leva et referma la porte. Ils étaient à present seuls et coupé du reste du commissariat. Les bruits extérieurs ne se faisaient plus entendre... Il revint vers le bureau en y posant un porte document... Le policier lui demanda s'il elle avait vu son visage...

" Dans le feu de l'action, je n'ai pas fait attention... " répondit la jeune femme en croisant une jambe. Elle se sentait plus rassurée avec ce policier. Il avait l'air de s'intéresser à son cas... Elle prit un air désolé... Il lui indiqua que cela pouvait être un récidiviste. Andie écarquilla les yeux, assez surprise du terme employé.

" Vous pensez que c'est un récidiviste qui m'aurait agressé ? " Demanda Andie à son policier. Il semblait éviter de la regarder, cela gêna Andie... Elle se demandait pourquoi écitait-il de la regarder ? Peut-être etait-ce son caractère.. Ou alors quelque chose chez Andie le gênait...

Andie ne comprenait pas vraiment ou il voulait en venir mais bon, s'était son métier et lui seul savait se qu'il faisait. La malette, les documents, les questions etc... Il avait sûrement une idée derrière la tête, une piste naissante...

" Ne vous fatiguez pas... Porter plainte contre X ne mène nullepart..." Lâcha la jeune femme. Elle avait déduit cela car elle ne connaissait pas son agresseur et avait dans l'idée de porter plainte contre X. A part si Clyde avait plusieurs récidivistes à lui montrer... Andie jeta un énième regard à Clyde qui lui, avait son regard partout, sauf sur Andie... Cela la fit sourire et un léger sourire se dessina sur ses lèvres... Espérons qu'il ne le voie pas...

Selon Clyde, il n’y avait aucun besoin pressant de remonter le moral d’une jeune fille agressée. Il avait beau être professeur de psychologie, il ne fallait pas compter sur lui pour ces choses là. Pourtant, il en était capable. Il était capable de dresser un profil psychologique en une discussion d’une dizaine de minute. Il était aussi capable de parole réconfortante, comme dans les cellules de crises ou les psychologues sont très utilisés. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait actuellement.

« Et bien. Tu vas faire un effort Andie. Ne me dis pas que tu n’as pas saisi la couleur de ses cheveux, s’il était grand ou petit, ou s’il avait un signe particulier comme un tatouage, des boucles d’oreilles… » Lui répondit McArthur, accordant poser les yeux sur elle d’une dureté incroyable avec ses sourcils froncés. « Allez magne-toi, il faut que tu me dises tout ce que tu sais avant que les flics reviennent. »

C’est ce qu’il ajouta par la suite, ce qui vaudrait surement plusieurs interrogations dans la tête d’Andie Presley. Qu’importe, lui avait pris la décision qu’il prendrait concernant cette affaire. Car il y avait deux choses à ne pas faire pour Clyde, deux choses d’une longue liste ma foi. La première était de ne jamais trahir une personne qui vous est chère. Rien à voir donc. Mais la seconde, la seconde est importante.

Jamais, jamais il ne fallait porter la main sur une femme. Que ce soit une inconnue ou pas, McArthur avait horreur de voir un visage ou un corps de sexe féminin couvert de bleu. Ce qui peut paraitre étrange car Clyde ne rechignerait pas à gifler, ou plus, une personne de sexe féminin si celle-ci le mérite vraiment. Sauf qu’ici, il s’agissait en plus d’un voleur. Et de ce que l’homme en connaissait, c’est qu’un voleur n’est jamais très prudent, ni très malin d’ailleurs.

« Il y a une chose à savoir chez ce genre de personne, c’est qu’il ne s’aventure jamais loin d’une cache ou d’un abri. » Répondit Clyde d’un ton neutre désormais.

Il avait reporté son attention sur les fiches apportées. Sa mallette contenait pas mal de choses, dont une arme à feu, quelques cartes d’activités anciennes comme récentes… Le plus important étant ce qu’il sortit et posa sur la table, au devant de l’étudiante. On pouvait voir sur diverses feuilles la photo de crapules de bas étages, comme de leader de gang de quelques quartiers de Providence. C’était à Andie de jouer désormais.
Pourtant, c’est une question hors contexte que Clyde énonça.

« J’ai déjà vu ta face d’ange quelque part. Etrange non ? Quel âge as-tu, tu es étudiante à Brown ? » Finit-il par conclure en tournant le dos à la petite brune.

Andie était surprise de l'attitude du policier, il l'a pressait et n'était pas très délicat avec elle... Elle était toujours en position assise et regardait le policier face à elle. Quant à lui, il se contentait d'éviter de la regarder. Il n'avait pas une seule parole réconfortante... Tout ce qu'avait besoin la jeune femme... Il la stimula pour qu'elle dise ce qu'elle vait vu ou pas de son agresseur. Andie essaya de se souvenir, se rapeller un détail...

" Il était beaucoup plus grand que moi, le crâne rasé... C'est tout ce dont je me souviens... " Elle ne se souvenait que de ça, et s'il n'était pas content tant pis ! Elle le regarda, attendant sa réaction, balançant son piedsous le bureau... Il lui dit de se dépêcher avant que les flics reviennent... QUOI ?! Mais qui c'était, si ce n'était pas un flic ? Pourquoi on devrait se dépêcher avant que les autres ne reviennent ?

" Mais... Vous n'êtes pas policier ? " Demanda t-elle en fronçant les sourcils. Elle avait revêtit un air assez méfiant, sur la défensive. S'il n'était pas flic, qu'est-ce qu'il faisait ici ? Elle attendit patiemment qu'il réponde à sa question. Puis il lui demanda d'ôù ils se connaissaient.. Il lui dit que son visage d'ange ne lui était pas inconnu. Il lui demanda son âge, et si elle était étudiante à Brown.

" J'ai également l'impression de vous avoir déjà vu... " Elle plissa les paupières, essayant de réflêchir plus sérieusement. Il n'était donc pas flic... Il lui demanda si elle était étudiante à Brown. " J'ai 21 ans, et je suis étudiante à Brown effectivement..." Elle n'y comprenait plus rien, il était un peu plus agé qu'elle donc il n'était pas étudiant... Ou alors professeur...?!

Clyde s’était détourné du bureau auquel la jeune femme était installée. Ca ne lui servait à rien de rester planté comme un piquet, dos celle-ci, avec pour unique chose en tête la façon dont les choses allait se passer. Mais ça ne lui servait à rien non plus de rester assis face à elle ou à ses cotés car elle ne représentait après tout, rien du tout à ses yeux. Rien de plus qu’une victime supplémentaire dans le commissariat. Sauf qu’elle avait eut la chance d’avoir interpellé les souvenirs de celui qui n’était pas un policier.

Il serait resté ainsi jusqu’à ce qu’Andie se rappelle clairement son visage et aurait pointée du doigt l’une des photos des fiches sur la table. Il le serait resté si les paroles précédemment énoncées n’avaient pas fait réfléchir la brunette sur le statut de l’homme barbu face à elle. Lorsqu’elle lui posa la fatidique question, s’il était agent de police ou non, Clyde se retourna vers elle avec pour seule réponse immédiate, un rictus méprisant.
Il était revenu vers le centre de la pièce, posant ses fesses sur le bureau en remuant les fiches sous ses yeux avant qu’Andie Grace ne lui réponde avec affirmation à sa seconde question. Pour Clyde, l’affaire était à moitié close désormais. Il savait d’où lui était venu ce sentiment de déjà-vu vis-à-vis du visage de la demoiselle. Il ne lui restait donc plus qu’à trouver le coupable et lui faire payer son audace.

« Tss, 21 ans ? Sans vouloir te vexer ‘face d’ange’, c’est pas étonnant que tu te sois fait agresser. A tout cassé, on te mettrait à peine 18 balais… » Lui énonça le professeur qui semblait avoir trouver un surnom à la petite brune.

Il n’avait visiblement pas cessé d’être méprisant. C’était Clyde tout craché. Que ce soit à Brown ou ailleurs, il ne pouvait s’empêcher de passer pour un méchant, qu’il était peut-être après tout. Ce qui était encore plus bizarre, c’était qu’il arrivait toujours à ses fins. Il obtenait toujours les réponses qu’il souhaitait, c’est pour cette raison qu’on avait parfois fait appel à lui au poste de police. A l’heure actuelle, il avait réussi mais avec une étudiante.

« Alors. Flic ou pas, on s’en fout. Ce qui compte, c’est de retrouver la boule de billard qui t’as mis dans cet état. » Continua le barbu d’une voix rapide en finissant par pointer son doigt sur une photo qu’il agita sous les yeux d’Andie. « Il ressemblait à ça ton crâne d’œuf ? »

Selon Clyde, l’affaire serait rapidement terminée. Peu de personne parvenait à rester impassible et muet face au genre d’homme direct qu’il était. De cette manière, il est aisé de l’avoir vu réussir dans n’importe lequel des métiers par lesquels il passa. Militaire, profiler, privé… Et maintenant professeur universitaire. Allez savoir s’il s’agissait de son dernier travail ou non. Le fait est qu’il s’en sortait bien en cet instant présent.

Assis de la sorte, une photo entre les doigts, Sir McArthur n’attendait qu’une affirmation de la part d’Andie pour savoir s’il avait vu juste. Les chauves n’étaient pas rares. Clyde avait eut le loisir d’en côtoyer professionnellement quelques uns. Pas tous des tendres d’ailleurs. Mais la photo de la boule de billard que le professeur tenait dans sa main, il le connaissait de réputation. Si les flics n’arrivaient pas à mettre la main dessus, s’ils n’arrivaient pas à s’occuper de son cas, Clyde McArthur le ferait lui-même.
Il se passa cependant quelque chose à laquelle Andie Grace Presley ne s’attendait surement pas de la part de celui qui paraissait fait de glace. Un sourire franc s’étira sur les lèvres de Clyde McArthur, surement le premier sourire sincère depuis le tout début de leur rencontre. Le tout sans croiser les yeux bleus de la demoiselle. La raison de cette expression était simple pour lui. Andie lui tenait tête avec une vitalité nouvelle, une chose qu’elle ne possédait plus en arrivant pour déposer sa plainte. Croyez-le ou non, si elle se retrouvait en train de répliquer de la sorte, elle le devait à Clyde uniquement.

« Dans l’mille bichette. Clyde McArthur pour te servir. Professeur de psychologie. » Expliqua le trentenaire, se présentant presque naturellement.

Même si le connaitre ne lui servirait à rien, Clyde devait au moins un semblant d’explication à la question qu’il posa le premier. Question qui fut reprise avec intelligence par Andie, qui parvint du premier coup à cerner son petit jeu.
La suite fut nettement plus intéressante pour celui qui jouait le rôle de flic. Le sourire de Clyde disparut. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Andie venait de lui confirmer la description de son agresseur, confirmant la photographie faite par Clyde il y a de ça quelques temps. Même si elle n’avait pas été certaine à 100 %, ça suffisait à l’homme. Il rangea sans plus attendre ses documents dans la mallette et la referma vivement.

« J’en ai fini avec toi… » Annonça-t-il passivement.

Passivement, tout du moins avant de se relever. Clyde s’éloigna pour saisir sa veste qu’il enfila. Il semblait vraiment en avoir fini avec Andie, et n’avait pas l’impression de vouloir lui offrir quoique ce soit d’autre. Sa phrase avait été très claire là-dessus d’ailleurs.

« Viens, j’te raccompagne. Ce sera toujours mieux que tes raccourcis… » Ironisa-t-il en posant un regard neutre sur l’étudiante.

Andie était toujours assise et attendait patiemment la réponse de Clyde. Sa jambe croisée sur l'autre, son sac à main toujours sur ses genoux elle était plus décontractée qu'il y a une demi-heure. Clyde parla enfin, et lui avoua son identité... Effectivement, il était professeur à l'université de Brown. Il enseignait même la psychologie... C'était Monsieur Clyde McArthur... Cette nouvelle fit rire intérieurement la jeune femme. Elle ne le connaissait pas, car elle n'avait pas de cours de psychologie mais l'avait déjà vu dans les couloirs de l'université...

"Un professeur de psychologie très peu psychologue, le comble..." Répondit-elle en murmurant mais assez audible pour que Clyde l'entende. Puis, il annonça qu'il en avait finit pour cette affaire. Avait-il trouver son agresseur ? sûrement, sinon il n'aurait pas laisser repartir Andie... C'était terminé... Andie s'impatientait de partir de cet endroit... Ce qu'elle souhaitait le plus au monde en ce moment ? Un bon bain, une bonne émission télé et un canapé moelleux... Le rêve ! Il rangea sans plus attendre ses documents dans la mallette et la referma vivement. Clyde s’éloigna pour saisir sa veste qu’il enfila. Puis, il lui ordonna de se lever. Andie se leva, un peu contre son gré car elle ne souhaitait pas obéir à ses ordres mais si elle voulait rentrer chez elle, il fallait bien sortir de là...! C'est là que Clyde lui annonca qu'il avait l'intention de la raccompagner chez elle... Hein ?! Etait-il sérieux ? Il précisa que ça serait mieux que ses raccourcis...

"Vous voulez vraiment me raccompagner chez moi ?" Demanda t-elle surprise d'une telle attention de sa part... Bien entendu, cela la rassurerait qu'il dise "oui" car Andie était un peu effrayée de refaire tout son chemin à pied pour rentrer chez elle... Il sortirent du commissariat. Là, Andie retrouva les bruits de la ville, les pots d'échapemments, les klaxons, et surtout les passants... Inintentionnellement, elle regarda partout autour d'elle, comme si on allait une nouvelle fois lui faire du mal. Elle ne se sentait pas forcément en sécurité, mais malgré elle, Andie faisait tout de même confiance en Clyde...

Il n’en avait visiblement pas terminé finalement, avec celle qui lui apparaissait maintenant comme une étudiante de l’université dans laquelle il enseignait. Il n’en avait également pas fini avec ses petits surnoms, aussi nuls soient-ils, puisqu’il l’avait appelée bichette. Clyde avait beau ne rien laissait paraitre vis-à-vis de la jeune femme, elle était tout de même une personne qu’il connaissait d’une façon relativement bonne. Même si finalement, il ne l’avait rencontré que depuis une bonne demi-heure.

Même si la remarque d’Andie à son encontre n’était guère rayonnante, McArthur ne fit rien dans l’immédiat, suivant uniquement la demoiselle sortant du commissariat. Ayant rapidement salué le reste de l’équipe de veille du poste de police, Clyde fouilla à l’intérieur de sa poche pour y trouver ses clefs. Par ailleurs, c’est à ce moment qu’Andie Presley lui posa une question totalement inutile.

« T’es dure de la feuille ma belle. Tu ferais quoi si jamais le crâne d’œuf te retombe dessus ? » Répondit calmement le professeur.

Il ne s’était pas stopper pour accorder un regard à l’étudiante. Sa question avait été complètement inutile, puisqu’une fois que Clyde disait quelque chose, il le faisait jusqu’au bout. La parole de cet homme valait beaucoup plus que celle de n’importe qui sur cette terre. Andie était donc, en de très bonnes mains. Enfin, même si ce n’était pas l’image que McArthur lui donnait actuellement.

Sur le parking du poste de police, Clyde se stoppa face à une GMC 4500, le genre de voiture contre laquelle il valait mieux ne pas tomber dans un accident. Ouvrant les portes, l’homme y grimpa et attendit que sa partenaire d’après midi la rejoigne, pour finalement, lui répliquer à sa remarque sur la psychologie.

« Si j’avais joué les psy, tu aurais gémis comme une enfant. Et c’est loin d’être ce que j’apprécie chez les femmes. Et puis, tu ne te sens pas mieux depuis ton agression ? » Finit-il par demander en mettant le contact à sa voiture.

Andie marchait côte à côte au professeur, qui finalement, n'était pas son professeur... Mais il enseignait à l'université de Brown... Elle se demandait si il allait vraiment la raccompagnait chez elle... Il lui répondit que oui, il ne voulait pas qu'elle se fasse agresser une seconde fois. Entre nous soit dit, se faire agresser deux fois en une seule journée serait le comble... Tout en marchant, elle regarda Clyde et lui rétoqua simplement pour l'embêter:

"Vous êtes peut-être professeur cher Clyde, mais vous n'êtes pas mon professeur..." Dit-elle avec son regard malicieux... Cela pouvait signifier plusieurs choses... Qu'en aucun cas elle devit se plier à ses exigences et que si elle avait envie de lui manquer de respect, elle le pouvait. C'était quelqu'un comme un autre. Puis, elle grimpa dans la voiture de Clyde. Andie se dirigea de l'autre côté de son véhicule, et s'installa confortablement. Elle baissa le parre-soleil et se regarda dans le miroir.. Mmh... Pas terrible... Puis il répliqua à sa phrase sur la psychologie...

" Ah.. Vous n'aimait pas que les femmes gémissent, étonnant..." Rétorqua Andie lorsque Clyde lui expliqua qu'il n'aimait pas que les femmes gémissent comme des enfants. Mais Andie prit qu'une partie de sa phrase pour lui balancer à la figure... La jeune femme sourit tout en le regardant, puis elle regarda la route, il sortit du parking du commissariat...

" En tout cas, merci de me raccompagner, c'est très gentil de votre part..." Elle le regarda à nouveau puis rétorqua: " J'aurais eu du mal à supporter de me faire agresser une deuxième fois en moins de 24h..." Elle fit une moue... Puis Clyde tourna sur sa gauche pour reprendre la rue principale. Andie décida de jouer les GPS... " Vous reprenez Main Street et il faudra tourner à la 46 ème, mais je vous le rappelerais..."

Un vrai plaisir. Non pas la rencontre avec Andie, qui après tout était bien loin d’avoir un quelconque intérêt autrement que professionnellement, mais le doux bruit de la voiture du professeur. Un bijou qu’il s’était offert suite à son entrée au sein d’une équipe de profiler du F.B.I. Chose que seul le dirigeant de l’université pouvait connaitre. Si jamais cela s’ébruitait dans l’université, il y aurait surement plus d’une étudiante à ses pieds, ne serait-ce que pour avoir l’honneur d’être affiché aux cotés de Clyde.

Dès lors que sa GMC sortit du parking, il n’y avait plus qu’elle à ses yeux. Ou plutôt, elles. Andie n’avait visiblement pas terminé la discussion. Ses répliques étaient plutôt un bon signe suite à son agression. Devant un vrai psychologue à la méthode douce, elle aurait sans doute pleuré pendant un bon quart d’heure avant de se sentir mieux. Encore heureux qu’elle ne se soit pas apitoyé face à Clyde.

« Dis donc bichette… C’est pas avec tes 18 ans que tu peux te permettre de fanfaronner face à moi. Et puis, ça veut dire quoi ça, que ‘je ne suis pas Ton professeur’ ? Quel rapport avec la situation ? » Lui répliqua Clyde d’un ton loin d’être condescendant.

Sur une avenue droite, McArthur se permit le luxe de quitter la route des yeux pour tenir un regard froid envers Andie. Elle venait de toucher à sa voiture, baisser le pare-soleil pour se préoccuper de sa petite santé et sa vision. Crispant légèrement la mâchoire, l’homme se retint de lui dire de faire attention à son matos. Passons pour cette fois, s’il commençait à reprendre une étudiante comme elle, il n’en finirait pas. Mais en entendant la parole suivante, il ne pu s’empêcher d’avoir un rictus amusé.

« Ben voyons… Les jeunes et leurs allusions perverses. J’étais loin d’être comme ça à ton âge. Moi c’était plutôt l’acte et non les paroles. » Annonça naturellement Clyde.

Son air était des plus sérieux du monde. S’il mentait ou pas sur cette déclaration, personne n’aurait pu le dire. Mais il s’agissait d’une remarquable façon d’annoncer quelques choses, vous étiez quasiment obligé d’y croire.
Débouchant sur la rue principale, Clyde fut dans l’obligation de s’arrêter à un feu rouge. Ca aussi, il détestait. Attendre de la sorte seul était déjà chiant à mourir, mais avec une pipelette à ses cotés, ça n’en finirait peut-être jamais.

« La 46ème… Ca me va. » Finit-il simplement par dire pour confirmation, débouchant sur un long silence.

La jeune femme était toujours installée à la droite du "père" ^^ Depuis leur rencontre Clyde devait penser qu'Andie avait 18 ans. Ou alors, il faisait exprès de la rajeunir. Sauf problème: Andie en avait 3 de plus, elle avait 21 ans. Cela commençait sérieusement à l'agacer... Elle tourna la tête vers lui avec un regard accusateur.

Je vous fais remarquer que j'ai 21 ans et non 18... Vous serez gentil de le prendre en compte... Lança sêchement Andie pour essayer de bien se faire comprendre... Ce professeur avait le don de l'agacer, elle avait l'impression que c'était un rôle qu'il essayait de tenir...

Puis, elle replaça son regard sur la route... Lorsqu'elle baissa le pare-soleil, elle sentit Clyde rugir dans son siège... Elle souria malgré elle. Après s'être observé dans la glace, elle regarda du coin de l'oeil à sa gauche. Le conducteur avait sa machoire crispée...

Oh, excusez-moi... Puis, elle referma le pare solei qui claqua contre le toit intérieur... Elle fit une moue d'enfant, mi-ange mi-farouche. Désolée... Un sourire apparut sur son visage... Andie devait rendre complétement dingue le pauvre professeur qui allait sûrement l'ejecter de sa voiture par un siège ejectable !

A agir de la sorte, on ne pouvait pas s’attendre à voir autour de l’homme une foule de connaissance amicale. Son comportement était loin d’attirer la sympathie des autres, même si de temps à autres Clyde en décide autrement. Pour cela, encore fallait-il qu’il trouve quelqu’un méritant de le voir sous un bon jour, quelqu’un qui ne subirait pas son sens des répliques hors du commun. Andie Grace Presley ne semblait pas avoir cette chance visiblement, car au lieu d’être simplement tranquille, Clyde l’avait bousculé émotionnellement pour qu’elle reprenne contenance suite à son agression. Quand à sa réplique, il s’agissait pour McArthur d’une banale réponse de débutant. Vouloir être certain d’être pris comme une adulte ne menait pas à grand-chose lorsque l’homme face à vous ne vous en donne pas autant. C’est pourquoi le professeur de psychologie répliqua du tac au tac.

« Et ça change quoi ? 18 ou 21 ans, où se trouve la différence ? » Questionna-t-il avec l’aisance, cette fois-ci, d’un professeur aguerri.

Une nouvelle question inutile, certes, mais elle venait cette fois-ci des lèvres même de Clyde. Ce qu’il cherchait à obtenir comme réponses de la part de l’étudiante, ce serait inévitablement une information de plus à mettre sur ce qu’il savait déjà la concernant. Car oui, lorsque l’on est professeur de psychologie, il y a fort à parier qu’en connaitre un maximum sur les autres est un intérêt primordial. Il ajouterait donc un trait de son caractère à travers sa réponse. Mais tandis qu’il y réfléchissait, un bruit net et claquant se fit entendre. Et il ne fallut pas plus longtemps à Clyde pour détourner son visage de la route et observer ce qui venait de se produire.

Rien de grave, certes, mais en son fort intérieur, McArthur se demandait comment la brunette à ses cotés ne pouvait pas faire plus attention à ce qui l’entourait. Son regard dur se posant sur l’expression à demi désolé d’Andie, le professeur en avait même oublié qu’il se trouvait au volant de sa voiture. Inévitablement, des klaxons se firent entendre, le sortant de son observation juste à temps pour éviter de percuter un véhicule face à lui.

« Ouais, c’est ça. » Répliqua-t-il dans un rictus. « T’as pas l’air de quelqu’un de vraiment désolé. » Ajouta-t-il au bout d’un moment de route, débouchant dans une rue proche de la 46ème.

Clyde avait un caractère bien trempé. Un de ces caractère qui vous agace, qui vous révolte. Actuellemùent, Andie Grace Presley avait une seule envie: essayer de faire fermer le clapet de ce grand dadet... Il était sûr de lui, arrogant, beau-parleur. Andie le trouvait attirant mais pour elle, cette ardeur dans ses paroles la fraînait quelque peu... Elle aurait bien souhaité qu'il soit un peu plus...gentil ^^ Il lui demanda quelle différence cela faisait entre 18 ans et 21 ans... Pour Andie c'était clair et net, à 21 années elle pouvait tout faire, boire de l'alcool, sortir en boîte etc...

Demanda Andie gentiment en tournant son doux visage d'ange vers lui pour observer sa réponse et surtout sa rééaction... Là, c'était quitte ou double. Soit il hurlait en disant qu'il était professeur et que cela ne se faisait pas, malgré que ce n'était pas son professeur car Andie étudiait la mode... Soit il acceptait en rognant tout de même histoire de faire remarquer son mécontentement... Il lui expliqua qu'il trouvait qu'elle ne semblait pas très honnetement désolée. Elle l'était... mais pour de faux.

Je suis pourtant désolée... Répondit-elle un léger sourire aux lèvres qu'il ne pouvait pas voir car il avait les yeux sur la route. Andie voulait le taquiner pour qu'il soit en rogne, cela commencait réellement à l'amuser. Andie observait la route et remarqua qu'ils étaient presque arrivés. Elle regarda son immeuble et s'exclama:

Voilà c'est ici... Clyde freina, mit un clignotant pour enfin s'arrêter et Andie regarda Clyde, sans dire un mot.

Elle se voulait importante, voulait être prise au sérieux par le professeur à cet instant, et probablement également, prise au sérieux par toutes les personnes qui l’entouraient. La réponse qu’Andie avait énoncé à l’encontre de Clyde en avait été on ne peut plus précise à ce sujet. Selon quoi, trois ans de plus, la majorité atteinte, pouvait changer quoique ce soit de concret dans la vie. Certes, la majorité était atteinte lorsque l’on avait les 21 années nécessaires pour être majeur. Mais hormis le droit de vote, et de jouir de la presque totalité du monde, un être majeur pouvait-il vraiment faire ce que bon lui semblait ? Pas vraiment non. Il y avait toujours un encadrement spécial, celui de la société, qui vous indiquait vos droits et vos devoirs. C’est pour cette raison que McArthur eut un certain rictus.

Suivit d’un second lorsqu’il entendit la fin de la phrase de l’étudiante. Un certain culot de sa part, quand la question fut émit de ses lèvres, dans une approche plus de coutume que de politesse. Elle ne s’était pas gênée pour l’appeler par son prénom quelques temps auparavant.

« C’est comme tu veux. Moi je m’en balance complètement. » Débuta-t-il par dire, ralentissant progressivement. « Et puis, tu es ‘majeure’, tu peux donc faire ce que tu veux non ? » Ajouta-t-il ironiquement.

Par la suite, le professeur ne prêta pas attention aux excuses, véridiques ou non, de la jeune femme. Il venait d’arriver dans la rue où devait vivre Andie, par conséquence, son attention était sur les maisons alentours. Il ne manquerait plus qu’il rate l’endroit, et c’était reparti pour un tour du quartier pour ne pas gêner la circulation de l’endroit. Gêner. Voilà bien un mot étrange dans la tête de Clyde, qui n’en avait rien à faire de gêner qui que ce soit, du moment que ça l’arrange. Sauf que lorsque la brunette sur le siège passager l’interpella sur la destination, c’est avec une aisance particulière qu’il parvint à se garer sur le bas coté, même avec le gros calibre de son véhicule.
Et puis plus rien. Le moteur resta à ronronner tranquillement, tandis qu’à ses cotés, il sentait le regard de l’étudiante se poser sur lui. Distant, Clyde garda le sien sur la route un moment, avant de tourner légèrement le sien à son tour, quelques mots uniquement envers Andie.

« T’es arrivée à bon port… Ca va aller ? » Finit-il par dire d’une voix simple, ses yeux bleus sur ceux de la demoiselle.