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 Another Year Goes By [Sélène]

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MessageSujet: Another Year Goes By [Sélène]   Another Year Goes By [Sélène] I_icon_minitimeSam 1 Aoû - 21:20



Il y avait des jours, comme ça, où tout allait de travers. Mauvais karma, niveau 0 en chance... allez savoir. Ce que Sacha savait, c'était que pour une fois, elle regrettait d'avoir écouté Gwen, et d'être venue à cette soirée. Debout sur la place où se dressait l'hôtel Beltmore, elle attendait un taxi, pas très encline à traverser une partie de la ville dans cette tenue, et se repassait mentalement la journée qui venait de s'écouler.

Gwen l'avait tannée, alors qu'ils jouaient à un de ses jeux vidéos où le but était de cogner plus fort que l'autre, et qui, il fallait bien l'avouer, avaient quelque chose de particulièrement défoulant, et elle venait de lui mettre un troisième KO d'affilée quand il avait lancé le sujet qu'il ne fallait pas lancer.

- Je t'emmène ce soir ? Tu vas pas y aller toute seule...
- Je vais pas y aller tout court, Gwen, qu'est-ce que tu veux que je fasse là-bas ?


Il avait posé la manette et l'avait dévisagée un instant. Oh ! Elle le connaissait par coeur ce regard ! C'était celui qui impliquait qu'elle ne pourrait pas gagner sur ce coup-là, qu'il ne changerait pas d'avis... Et qu'il l'emmènerait, donc. Parce que s'il y avait une soirée à laquelle il fallait qu'elle aille, c'était celle-là. Elle n'en voyait pas l'intérêt que de fêter la fin de leur scolarité à Mount Pleasant High avec des gens qui ne les connaissaient pas, et les appréciaient encore moins, mais malgré une bonne heure de pourparlers, elle n'avait pas pu lui faire oublier cette idée.

Et maman s'y était mise à son tour, ravie d'habiller et de coiffer sa fille pour une occasion si particulière. A la rentrée, il faudrait vraiment qu'elle trouve un moyen de quitter la maison, parce qu'elle n'en pouvait plus de faire semblant quand maman lui demandait si elle avait un petit copain... Elle avait eu l'air tellement heureuse quand sa blondinette de fille était sortie de la salle de bain dans cette robe orange trop vif, trop longue, trop fille... A quoi ça servait un bustier quand on n'avait rien à mettre en valeur ? Et est-ce qu'il fallait vraiment qu'elle se coltine ce sautoir et ces bracelets clinquants qui faisaient un boucan de tous les diables à chacun de ses mouvements ? Maman l'avait coiffée, retenant en arrière ses cheveux courts par elle ne savait combien de pinces, et elle avait dû être presque violente pour qu'elle oublie l'idée de la maquiller. Il ne fallait pas exagérer quand même !

Mais Gwen était magnifique, un peu trop endimanché au goût de sa mécano de jumelle, mais superbe. Elle lui avait souri, absolument pas à l'aise dans les sandales dorées que maman lui avait dénichées mais qui étaient clairement moins désagréables que tous les escarpins à talons qu'elle lui avait présentés, et ils étaient donc arrivés à Beltmore, où les bonnes manières et les us et coutumes que papa et maman avaient tenté de leur inculquer avaient été utiles, pour une fois. Elle avait tout fait 'comme il fallait', histoire de ne pas davantage se taper l'affiche, empotée qu'elle devait sembler ainsi accoutrée.

Et ça avait fonctionné, apparemment, parce que personne ne lui avait adressé la parole. A table, elle avait été installée loin de son frère, et entre les gars qui parlaient football et conquêtes féminines, et les autres nanas qui discutaient chiffon, elle avait gardé le silence, jusqu'à ce que le dessert soit enfin débarrassé. Certains commençaient à se lever pour gagner la piste de danse, elle les avait imité en partie, prenant congé avec un petit signe de tête de ceux qui partageaient sa table.

Et elle était sortie. Parce que non, définitivement, elle n'avait rien à faire là-bas. Elle devait avoir un super score en discrétion pour avoir pu passer aussi inaperçue vêtue d'une robe aussi criarde. Et au fond, elle ne savait pas si elle en était contente ou pas. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait voulu faire plaisir à Gwen, qui devait sans doute être avec ses potes à l'heure actuelle, tout au moins l'espérait-elle pour lui, et qu'elle aurait mieux fait de rester à la maison à bichonner sa voiture ou à exploser le crâne de gobelins hideux à la hache...

Une silhouette entra dans son champ de vision, une brunette ayant manifestement elle aussi fui la soirée, et Sacha tourna la tête vers son compagnon d'infortune.

- Bonsoir...

Peut-être était-ce parce que l'attente se prolongeait, peut-être parce qu'elle n'avait pas ouvert la bouche depuis le début de la soirée... Elle poussa un soupir et ajouta.

- Toi aussi tu fuis cet enfer ?...

Elle regretta presque aussitôt d'avoir parlé. Après tout, la fille avait peut-être une très bonne raison de partir, ou peut-être qu'elle aurait voulu rester et n'avait pas d'autre choix que de partir, justement... Bah, quand on a -10 en communication, on apprend vite à laisser son égo de côté, et après cette soirée-là, elle pouvait bien se faire rembarrer, c'était toujours moins désagréable qu'être quantité complètement négligeable.

[Sélène ?]
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MessageSujet: Re: Another Year Goes By [Sélène]   Another Year Goes By [Sélène] I_icon_minitimeVen 16 Oct - 12:40

    On dit qu’il y a des jours avec, et des jours sans… Mais bizarrement, ce sont toujours les jours sans que l’on remarque, et dont on se souvient, forcément. Aujourd’hui, c’est un jour sans. Aujourd’hui, c’est… comment appellent-ils ça ? La night prom’. Le bal de promo. Je n’ai jamais aimé ce genre de soirées. Rectification : Je n’aime pas ce genre de soirées, depuis que je suis à Providence. En fait, je crois que je n’aime plus les soirées tout court. Mes soirées, je les préfère à jouer, que ce soit au piano électrique de ma chambre, ou au piano du salon. Papa m’encourage à continuer. Il me demande souvent de jouer, pour lui. Heureusement, sa… compagne ne dit rien. Elle n’a rien à dire, de toute façon. Elle n’est pas ma mère, et elle ne le sera jamais.

    Pourtant, je l’aime bien, ce piano du salon. J’y passerais plus de temps, si je n’avais pas peur de croiser cette autre fille, celle que mon père veut presque considérer comme sienne. Je ne comprends pas… Ne suis-je pas assez bien pour lui ? Pourquoi aller chercher ailleurs ? Et pourquoi ne pas être resté dans ce célibat qui t’allait si bien, papa ? Tu étais si bien, dans ce rôle… Oui, j’avoue, je suis déçue. Mon père, mon si cher père, m’a déçue… Et pourtant, je continue à lui obéir, à être la gentille petite fille qu’il a élevée. Même ce soir, alors qu’il me sommait de quitter ma chambre, ce dont je n’avais pas du tout envie, j’ai bien été obligée de l’écouter.

    Le bal de promo… Qui a eu l’idée d’inventer une sottise pareille ? Non. Ce que je dis est injuste. J’aurais été ravie d’y aller, à ce bal, si j’avais été accompagnée. Par lui. Mais lui, il y va déjà avec quelqu’un d’autre. Il y va avec elle. Pourquoi ? Pourquoi se connaissent-ils ? Pourquoi faut-il toujours qu’elle trouve un moyen de s’immiscer dans ma vie, alors que je ne veux pas d’elle ? Non, je ne veux pas d’elle dans ma vie. Je voudrais qu’elle en sorte, qu’elle en disparaisse… Je voudrais arrêter d’y penser, à elle. Et à lui. Et à leur façon de se sourire, tous les deux. Et à la leur façon de rigoler, sans cesse. Ils sont heureux. Eux. Et moi, pas.

    Moi, je l’ai quitté, ce bal. Impossible de supporter plus longtemps ce bonheur, qui envahissait l’air, tout autour… Moi, je suffoquais. C’en était trop. Je suis partie. Et je marche, dans cette rue déserte, à la recherche de… Je n’en sais rien. Je veux juste changer d’air. Je veux respirer. Je veux oublier tout ce bonheur que j’ai vu, à ce bal. Je veux quitter cet enfer… Mais même en étant sortie, je n’oublie pas. Leurs visages sont toujours là, dans ma tête. Je voudrais hurler, je ne peux pas. Cette rue a beau être déserte, je ne peux pas hurler. Ce n’est pas… moi. Et c’est peut-être le problème, justement.

    - Bonsoir...


    Je sursaute, au son de cette voix venue de nulle part. Pas tout à fait nulle part, en fait, puisqu’elle appartient à une jeune fille, non loin de là. Ainsi, elle n‘est pas déserte, cette rue. Pourquoi n’est-elle pas déserte ? Je ne suis pas d’humeur à discuter, ce soir. Je veux juste rentrer… Mais si je rentre, papa me reprochera de ne pas être restée à la soirée. Il faut donc que je reste là, et que… Je lui réponde ? Oui, certainement.

    - Toi aussi tu fuis cet enfer ?...


    Elle a parlé avant moi. Et c’estt peut-être mieux, pour moi, qui n’ai aucunement envie de parler. Mais elle me pose une question. Une question à laquelle je ne veux pas répondre, même si ce « aussi » signifie qu’elle, aussi, a fui cet enfer, comme elle l’appelle si bien. Que lui répondre ?

    - Bonsoir.


    Mon regard est fuyant, face à elle. Je me contente donc de croiser les bras, frissonnant légèrement dans ma robe bleue, cette jolie robe qui, dit-on, me va très bien. Pas assez bien, apparemment, puisqu’il ne m’a pas remarquée… Et puis je la regarde, vaguement. Comment ai-je pu arriver jusqu’ici sans la voir, avec une robe aussi… colorée ? Pourquoi a-t-elle fui la soirée, elle ?

    - Pourquoi un enfer ? Tu n’aimes pas la soirée ?


    Parler d’elle. Ou plutôt, la faire parler. De ce qu’elle veut, n’importe quoi. Tant qu’elle ne me pose pas de question, à moi.
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MessageSujet: Re: Another Year Goes By [Sélène]   Another Year Goes By [Sélène] I_icon_minitimeSam 31 Oct - 14:31

La fille détourne le regard, à peine lui a-t-elle dit bonsoir, sans doute plus par politesse qu'autre chose. OK, 0 en charisme, ça changeait pas ça... Elle a froid, elle grelotte. Sûr que sa robe est jolie et lui va super bien, mais sûr aussi que dans le genre douillet, on a vu mieux. Enfin elle est mal placée pour parler elle-même engoncée dans ce truc orange. Elle haussa les épaules à la question de cette inconnue, en réponse à la sienne.

- Je suis pas à ma place dans ces trucs-là, je fais tâche.

Et histoire de joindre le geste à la parole, elle détachait une à une les barrettes que Maman avait passé elle ne savait même plus combien de temps à placer dans ses cheveux et ôta les breloques qui pendaient à son cou et ses poignets pour les fourrer dans le minuscule sac à main qui lui avait été imposé. D'un geste pas très féminin, elle ébouriffa ses cheveux, leur rendant l'aspect qu'ils avaient la plupart du temps et qui lui convenait bien davantage.

Et maintenant ? La fille avait froid. Sacha non. Et cette stupide étole l'enquiquinait plus qu'autre chose. Bon, orange et bleu nuit, c'était peut-être pas l'idéal. Et elle allait avoir l'air ridicule, hein ? Mais elle pouvait pas la laisser comme ça. Si elle avait été plus sûre d'elle, elle l'aurait peut-être bien déposée sur les épaules de la jeune fille. Elle ne l'était pas, sûre, d'autant que ça faisait vraiment truc de films à l'eau de rose avec le type qui dépose sa veste sur les épaules de sa chère et tendre, et qu'elle aurait vraiment l'air particulièrement idiot là-dedans, déjà parce qu'elle n'était pas un mec, et aussi parce que ça n'avait rien de la veste class' ce qu'elle lui proposait comme rempart contre le froid.

Et puis parce que dans ces films à la noix, le mec, il finit toujours avec la jolie fille. Et qu'elle, bah, elle avait à peu près 0 chance de finir avec la jolie fille, parce qu'elle avait à peu près 0 chance que la fille soit intéressée par elle, vu que de base, des filles qui avaient la même orientation qu'elle, il n'y en avait pas tant que ça dans le coin, et qu'en plus, après, il aurait fallu qu'elle lui plaise, et ça non plus, ça n'était pas gagné.

Elle se contenta de faire un pas en avant, pour le coup, laissant tomber l'étole de ses propres épaules pour la tendre à l'inconnue.

- Tiens, je suppose que ça sera pas super beau avec ta robe, mais t'auras toujours un peu moins froid...

Elle esquissa un sourire, ne pouvant s'empêcher de jeter un regard supplémentaire à la silhouette de la brunette. Pourquoi elle avait pas un copain elle ? Y en avait plein des filles là-dedans, qu'étaient bien moins mignonnes, et qui se pavanaient avec leur jules...

- Quelqu'un vient te chercher ? Ou on prend un café quelque part histoire que tu te transformes pas en statue de glace ?

Une seconde de silence, le temps que Sacha se demande ce que la fille allait faire en intégrant ce qu'elle venait de dire et faire. Allait-elle attraper l'étole, la lui envoyer à la figure, la remercier, l'envoyer bouler, l'accompagner... ? Elle n'en savait trop rien. Ce qu'elle savait en revanche, c'est que ça ne se faisait pas de ne pas se présenter au préalable, Maman et Papa lui avaient suffisamment rebattu les oreilles avec ça.

- Au fait, moi c'est Sacha.
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