Don't let them have our way [S.&.A]

Invité

Parfois, la vie nous amenait à faire des rencontres plus ou moins bonnes. A New York, le garçon qu’était Andrew avait vite pris l’habitude de fuir, de s’éloigner au maximum pour quelques heures, de sa pension où il étouffait à cause de règles trop strictes pour la plupart. Il avait vite fait des connaissances plutôt bonne dans les quartiers avoisinant, des jeunes adolescents comme lui mais qui eux n’avaient pas à rester cloîtrés entre quatre murs. Il appréciait cette compagnie différente de celle qu’il avait en permanence, car ces adolescents la n’avaient pas la même mentalité. Pour la première fois de sa vie, il découvrait que tout n’était pas faux semblants et réalité dorée, qu’il y avait quelques chose lorsqu’on dépassait les limites de son propre jardin. Il avait toujours été bercé dans le même milieu et n’avait jamais été amené à fréquenter d’autres gens que ceux qui venaient de la même société que lui. Il avait commencé à ouvrir les yeux, mais était tout de même rester parmi ceux qu’il détestaient aujourd’hui. Parfois la vie avait donc le pouvoir de nous faire prendre conscience d’autre réalité par le simple contact d’une personne nouvelle, de quelqu’un qui peut vous montrer qu’il n’y a pas que votre vision des choses. Au fond, ce sont ces personnes la, ces relations peu communes qui sont réellement bonne car elle permettent en un sens d’évoluer. En la personne de Senna, Andrew avait trouver quelque de ce genre sur ce campus et il ne comptait pas vraiment se séparer d’une personne qui au fond, était comme lui. Elle deviendrait peut être une amie à laquelle il ferait sûrement plus attention qu’à certains autres beaucoup plus communs à ces yeux. Les gens blesser savent se reconnaître de toute évidence.

Ils venaient de se lever, et recommençaient à marcher dans ce parc où la nature était visiblement artificielle, travaillée assez soigneusement pour qu’elle paraisse bien sur les éventuellement photos qu’on donnerait dans les brochures pour Brown. L’université avait un certain prestige à conservé alors on taisait certaines choses, par exemple, les conséquences néfastes de certaines fêtes étudiantes, ou les méthodes de recrutement pour diverses sororités. Evidemment, on allait pas dire cela aux lycées qu’on voulait recruter, venez à Brown, vous finirez ivre un soir sur deux. Dans certaines fraternité, il en allait de cette façon, et leur fêtes étaient d’ailleurs réputées pour cela. D’autres étaient plus studieuses, tandis que d’autres étaient juste inutiles ou presque. Celle que fréquentait réellement Andrew recrutait à partir des comptes en banques des parents, de la célébrité du nom, et de l’éventuel potentiel à finir PDG d’un grand groupe dans les quelques années qui allaient venir. Mais sinon, il n’y avait aucun critère de réussite particulière, bien au contraire, cela aurait pu empêcher tel fils de multi-millionnaire d’entrer ici. Le système était donc hypocrite au possible, mais on devait l’accepter car être renvoyé de Brown signifiait en gros ne plus être accepté nul part tant cela entachait un dossier. Il fallait encore être soit disant sérieux quelques années pour enfin accéder à la liberté plus tard.

- Moi aussi… Alors on ira j’espére.

Le jeune homme accorda à Senna un sourire franc, sincère, et vraiment amicale, ce qui était vraiment très rare. Le voir sourire était un privilège accordé uniquement qu’à certaines personnes triée sur le volet. Parfois, quand il regardait des photos de lui après ses seize ans, il remarquait à quel point il pouvait avoir l’air grave, à quel point il semblait hanté sans qu’on le sache. Mais son visage, même grave, recelait une véritable beauté, un charme en tout point mystérieux qui s’exprimait encore plus lorsqu’il souriait de bon cœur. Il n’était pas vraiment du genre à sourire pour rien, Andrew était sincère et comptait bien le rester, même si pour cela il devait passer pour le mec qui faisait la tête en permanence. Et ce sourire prouvait bien qu’il appréciait Senna, même s’il ne la connaissait que depuis quelques heures, il l’appréciait vraiment. Les silences et les regards peuvent parfois bien plus parler que les mots.

Sur le chemin de la cafétéria, l’un comme l’autre s’étaient tue, profitant d’un silence pour réfléchir. Ils arrivèrent bientôt pres des grandes portes de ce restaurant universitaire si réputé pour être long le midi. Mais à cette heure la, il ne semblait pas y avoir grand monde, et heureusement. Parfois la foule agaçait le jeune homme : On ne se sent jamais aussi seul que dans la foule. Il teint la porte à la jeune femme qui entra en première :

- Apres toi.

Entrant à son tour dans la cafétéria, il sentit la chaleur qui l’entourait tout à coup. Andrew réalisa à quel point il faisait donc froid à l’extérieur. Comme il l’avait presque prédit, il n’y avait pas grand monde à l’intérieur, seuls quelques étudiants qui n’avaient pas cours ou qui séchaient, certains avec une guitare, d’autre en groupes et discutant, des gobelet de café à la main, la vie étudiante…

Senna avait secrètement hâte de rentrer dans un endroit chaud et le fait qu'elle ne parle pas pendant le trajet fut une étape assez difficile. Elle ne portait qu'une veste après tout, rien de chaud. Mais elle n'aurait pas imaginé rester dehors aujourd'hui, mais elle ne regrettait rien. Même si elle le voulait, elle ne le pourrait pas. La compagnie de Andrew lui était bien trop agréable pour regretter quoi que ce soit. Elle appréciait de plus en plus son professeur de littérature française car de ce ce fait, elle l'avait rencontré lui.

Une fois arrivée près de la cafétéria, le jeune homme lui tint la porte, elle entra et fit de même quelques secondes plus tard. Un frisson lui parcourut le corps. Quelle sensation étrange de se sentir enfin dans un endroit chaud ! Elle aimait ça. Parfois, il lui arrivait de penser à ces gens qui n'avaient ni toits, ni de nourriture et qui mourraient de froid bien assez tôt pour ne pas avoir le temps de dire " ouf " quand de l'aide intervenait. A Chicago, j'avais travaillé deux, trois ans comme bénévole. Ma mère me disait toujours que j'avais un grand coeur et que j'étais surement un peu trop naïve. En effet, j'ai la mauvaise habitude de faire confiance aux gens trop facilement et à force, je ne trouve plus vraiment ma place parmi eux. Heureusement, aujourd'hui, il ne semblait pas y avoir grand monde à la cafétéria. Cela la réjouissait, autant que pour Andrew. Du moins, elle l'imaginait un peu agoraphobe. Certes, cela fait toujours bien de se sentir entouré, mais excessivement, ça en devient insupportable. Enfin, il n'avait surement pas peur des autres. Senna, elle, ne supportait pas la foule bien longtemps.

Les deux jeunes personnes allèrent vers le comptoir pour demander ce qu'ils voulaient. Senna commandait un café et un pain au chocolat. Cela lui serait suffisant pour tenir jusqu'à midi. Andrew paya pour les deux et enfin, ils allèrent s'asseoir à une table. D'abord, ils déjeunèrent en silence. La jeune femme apprécié ce petit déjeuner parce que pour une fois, elle ne le passait pas seule, dans son coin, à refouler certaines sentiments. Pourtant, ce silence commençait à lui peser et elle essayait de trouver quelque chose à dire, histoire de relancer un peu la conversation.

« - Merci ... Enfin je veux dire, ça fait bien longtemps qu'on ne pas payé un petit déjeuner et qu'en plus, j'ai pu le déguster avec quelqu'un. Alors merci, c'est gentil.»

Ridicule aurait-elle pensé si on lui avait dit ça, mais nécessaire dans sa tête. Il fallait qu'il sache qu'elle lui était redevable. Mais un jour, surement, elle lui rendrait ce qu'il venait de lui offrir.

« - Tu reprends les cours à quelle heure ? »

Elle ne voulait pas casser l'ambiance, mais elle ne souhaitait pas non plus qu'il arrive en retard à cause d'elle. Senna, elle, ne reprenait les cours qu'à onze, ce qu'il lui laissait une petite marge.