Ce soir-là, Mélanie prit une grave mais excellente décision. Demain, de bonne heure, avant son premier cours d’Histoire de l’Art qui débutait à 10h, elle irait utiliser le gymnase de l’Université. Il faut dire que depuis le début de l’année, elle n’y avait pas mis le pied une seule fois. Ce n’était pas qu’elle détestât le sport, mais simplement, ses années passées au Collège, où l’EPS était une discipline obligatoire, ne l’avaient pas franchement encouragée. Lors de ces cours, il y avait soit les filles trop obsédées par leur apparence pour risquer de transpirer, ne serait-ce une seule goutte de sueur, soit les pom-pom girls qui n’excellaient qu’à cette stupide danse destinée à séduire toute personne pourvu d’organes génitaux masculins. Il y avait également ces filles musclées et sportives qui faisaient partie d’un club au collège, et parvenaient à décourager en 10 minutes de gymnastique la demoiselle qui ne parvenait déjà pas à effectuer une roulade correctement.
Ces souvenirs peu engageants faillirent la faire renoncer à son projet mais, avec un air déterminé, elle régla son réveil sur 7h et partit se coucher après avoir fini un roman qu’elle affectionnait particulièrement.
Le lendemain matin, Mélanie s’éveilla étonnamment de bonne humeur, éteignant son réveil d’un coup moins violent que d’ordinaire. Elle s’apprêtait à s’étirer avec élégance quand elle aperçut l’heure : 8h00. Ce n’était pas possible, elle avait mis le réveil à 7h ! Se levant d’un bond, elle maudit sa maladresse, désespérée de se tromper aussi souvent dans les horaires. Néanmoins, elle devait se dépêcher : le trajet en bus jusqu’à l’Université était long et elle voulait avoir le temps de profiter de la salle de sport avant de reprendre ses cours. La jeune femme, avalant un rapide petit-déjeuner, se vêtit d’un jogging blanc et d’un débardeur en deux temps trois mouvements et sortis de son appartement en toute hâte, songeant qu’elle prendrait sa douche en arrivant au gymnase.
Plusieurs minutes plus tard, la jeune femme se trouvait sous la douche, profitant de sa solitude absolue dans les vestiaires. L’eau était chaude et ruisselait sur son corps, la faisant fermer les yeux et oublier ce qu’il se passait autour d’elle. Puis, après un long moment passé sous cette douche agréable, elle ferma à regret le robinet et sortit des cabines de douches pour se diriger vers son banc dans l’intention d’y prendre sa serviette. Seulement, Mélanie n’avait pas remarqué qu’elle n’était plus seule. Une jeune femme se son âge environ venait d’entrer dans les vestiaires, apparemment dans le but de commencer un quelconque entraînement de danse, puisqu’on entendait une musique rythmée pas très loin.
La jolie française eut le temps de détailler la nouvelle arrivée à l’apparence plutôt agréable, avant de s’en rendre compte de sa nudité et de se tourner d’un geste sec tandis que la danseuse d’excusait à son tour :
Ho ! Excuse moi... Je me tourne tout de suite.
Elle s’empressa de saisir une serviette blanche qu’elle entoura autour de son corps avant de se tourner à nouveau, encore ruisselante d’eau.
Il n’y a pas de mal, je pensais être seule. Je n’ai pas songé que quelqu’un d’autre viendrait ici à une heure aussi matinale…
Mélanie se montrait rarement aussi aimable, mais cette arrivée impromptue l’avait désarçonnée, ce qui n’arrivait que peu souvent, si bien qu’elle en avait oublié son attitude froide et distante qu’elle prenait soin d’afficher. Elle enfila son jogging et son débardeur en silence, oubliant presque la jeune femme derrière elle en se reconstruisant un masque impassible…