Et voilà, c'était le grand jour !

Enfin, la grande nuit, plutôt... Arrivée en Irlande depuis quelques heures à peine, Sarah se trouvait dans le Grand Hall de Blarney Castle, pour une émission de télé-réalité portant sur son dada : les fantômes. Férue de phénomènes paranormaux, l'étudiante avait sauté sur l'occasion qui s'offrait à elle lorsque les studios étaient venus recruter des jeunes sur le campus de Brown.

Quelques mois après sa candidature, on l'avait contactée pour lui signaler qu'elle avait été choisie parmi un large panel de postulants pour intégrer l'une des équipes du jeu. Folle de joie, la blondinette avait bouclé ses bagages en un tournemain, et avait sauté dans l'avion.

Trop excitée pour faire vraiment connaissance avec ses concurrents dans l'avion, elle avait attendu d'arriver sur les lieux du tournage pour s'intéresser à ceux qui l'entouraient. Quelques visages familiers - Michael (hum... à surveiller), Lacey (youpi ! une amie ! pourvu qu'on soit dans la même Team) et Idril (ma Dridriiiiil !), entre autres...

Là, c'était le crépuscule. Le soir tombait doucement sur les landes irlandaises et l'ambiance du château était lourde, pesante, presque palpable. Au comble du ravissement, Sarah profitait des derniers rayons du soleil pour admirer l'architecture de l'ancienne bâtisse, attendant de croiser un camarade d'aventure pour partager son enthousiame délirant.

Qu'est-ce qui pouvait bien l'attendre ? Fantômes, esprits frappeurs, revenants hargneux - peut-être même l'esprit de la défunte comtesse sanguinaire, Elizabeth Bathory... ?

(HJ: Moi non plus je ne suis plus une très grande adepte des pavés donc voila)

Et voilà. C'était le grand jour, le grand soir, la grande nuit. Appelé le comme vous voulez, le grand moment quoi en somme. Elle était là, condamnée à rester dans ce pays pour un très long mois. Idril ne se souvenait même plus ce qui l'avait poussé à postuler pour cette stupide émission de télé-réalité. Enfin, si, elle s'en rappelait très bien au contraire. Elle n'avait pas vraiment eu le choix. C'était une de ses amie (Idril se demandait à l'instant présent si elle ne devait pas revoir ce terme) qui l'y avait poussé. Soit disant, cette petite escapade extra-américaine devait l'aider à augmenter son capital social.

Et donc elle était là, assise quelque part par terre dans le hall d'entré. Les genoux repliés contre la poitrine, le menton posé sans grande élégance ; ruminant son incroyable stupidité.

[Je t'en foutrais du capital social! J'étais très bien à Brown dans ma chambre avec un bon bouquin!
Si je trouve Sarah je crois que je l'écorche vive. Après je pourrai lui arracher les intestins et lui enlever les yeux à la petite cuillère et apr....]

Son ouïe releva un bruit suspect alors qu'elle réfléchissait à l'étape finale de sa cruelle vengeance. Un bruit de pas étouffé par l'antique épais tapis poussiéreux du hall. Quelqu'un approchait. Et si Idril avait bien comprit quelque chose, c'était qu'on les avait envoyé ici pour confirmer ou infirmer le fait que ce château était hanté. Ce léger bruissement prenait tout à coup une dimension effrayante qu'il n'aurait pas connu si elle était tranquillement à Brown dans sa chambre.

[Je la hais, je la hais, je la hais!!!!]

La jeune fille n'était pourtant pas d'un naturel très froussard d'ordinaire. Mais il lui suffisait de peu pour retourner sa veste. Elle se terra un peu plus dans son petit recoin, attendant que les heures passe, ou attendant son heure, elle ne savait plus vraiment.

Sarah n'avait encore vu personne dans les bâtiments, les autres candidats se cantonnaient sans doute à la visite des jardins pour le moment. Elle n'avait rien vu non plus - rien de mort, pas encore... Sarah savait bien que le règlement interdisait de se balader dans les couloirs après le couvre-feu, mais elle était bien décidée à avoir quand même son compte de frissons. Hors de question d'avoir fait tout ce chemin pour rien !

Sautillant sur l'antique tapis du hall ( ), elle s'amusait de voir de petits nuages de poussières se former sous ses pas. Depuis combien de temps les derniers habitants avaient-ils fui la bâtisse médiévale en courant, braillant comme des perdus ?

En tendant l'oreille, Sarah pouvait presque capter les hurlements terrifiés des précédents occupants du lieu - l'écho devait être formidable, dans toutes ces vieilles pierres ! Idril allait adorer ça. Idril l'artiste : elle avait sans doute apporté sa caméra pour filmer leurs découvertes palpitantes... La blondinette se promit de tirer son amie du lit à minuit tapant pour s'en aller profiter de Blarney By Night.

En parlant de tendre l'oreille, ce n'était pas un bruit de respiration, ça ? Tournant allègrement le coin de l'escalier, Sarah débusqua son amie et se jeta sur elle, toujours aussi sautillante, sans réaliser qu'Idril ne s'attendait peut-être pas à croiser quelqu'un de bien vivant. Elle ne s'attarda pas non plus sur l'apparent désespoir de la pauvre infortunée, recroquevillée dans son coin comme si tous les fantômes du château lui étaient tombés dessus à bras raccourcis. Toute à son allégresse, elle fit abstraction de l'apparente prostration de la brunette et lui sauta dessus, sourire jusqu'aux oreilles.

"Dri-Driiiiiiiiil ! T'as vu, c'est génial ici, hein !! Je t'avais bien dit que tu adorerais ça ! "