Laquelle que c‘était, déjà ? Il n‘arrivait plus à s‘en souvenir. Il fallait dire que toutes les portes se ressemblaient, dans ce couloir - et idem pour tout le château, d‘ailleurs… -, et que le fait qu‘il tremblait de la tête aux pieds n‘arrangeait rien. Pas de peur, non non, il n’en était pas encore à trembler de peur, rassurez-vous. Mais de froid. Parce que oui, il avait froid. Il était même presque certain d’être malade jusqu’à la fin de leur séjour, s’il ne faisait rien. Mais pour l’instant, il ne cherchait même pas à faire quoi que ce soit concernant le froid, et sa probable maladie. Pour l’instant, il voulait retrouver la chambre de Baby Doll, pour lui dire que non, la légende qu’elle lui avait racontée n’était pas vraie.

Quelle légende ? Comment ça, quelle légende ? Il y en avait plein autour du château, oui, certes, mais il n’y en avait qu’une seule, unique, qui pouvait attirer l’attention de Maxime Rutherford, au point qu’il décide de sortir de sa chambre en pleine nuit, pour aller faire trempette dans le lac. A vrai dire, c’est surtout la dernière partie qui nécessite une explication, parce que pour sortir de sa chambre en pleine nuit, en général, il lui en faut pas trop, à Max… Bref, le lac ! Quel rapport avec le lac, me direz-vous… Et bien c’est simple : Selon la légende, une petite baignade nocturne dans le lac aurait tendance à attiser la curiosité des sirènes, et autres créatures mystérieuses occupant la propriété… Et celles-ci, joueuses à souhait - sinon ça serait pas drôle… -, viendraient même rejoindre l’imprudent, l’invitant à participer à leurs activités… plutôt… conviviales, dirons-nous…

Intéressant, donc… Et ce soir-là, Max avait décidé de jouer les Saint-Thomas - pour le côté « Je ne crois que ce que je vois », hein… Parce que pour le « Saint » , je crois qu’il peut aller se recoucher… Ahem. -, et d’aller la vérifier par lui-même, cette fameuse légende. Après tout, jusqu’à maintenant, et à sa connaissance, personne n’avait pu se vanter d’avoir rencontré une sirène, ou toute autre créature mystique ou surnaturelle, et c’était une expérience qu’il ferait volontiers - on parle juste d’une simple rencontre, n’est-ce pas ? - s’il en avait l’occasion. Sauf que…

Sauf que s’il y avait été, au lac, et s’il avait tout bien fait comme il fallait, voire un peu plus - personne n’a parlé d’être dans la tenue d’Adam, pour le bain improvisé, mais tant qu’à faire… (a) -, il n’y avait vu aucune créature de la nuit. La seule autre présence à laquelle il avait eu droit, était celle de la caméra avec laquelle il avait joué à cache-cache - pas le droit de sortir après minuit, qu’ils ont dit ! -, et qui avait quand même dû repérer sa présence dans le lac, même s’il faisait trop nuit pour distinguer son visage. Mais malgré ce petit jeu fort divertissant, il n’avait pas pour autant été satisfait de sa soirée, et était prêt à réclamer un dédommagement, pour le préjudice causé… Bon, en fait, il voulait juste donner les résultats de sa petite expérience à Baby Doll, et non, ça ne pouvait pas attendre… Et - ahem - accessoirement, il n’avait pas envie de retourner dans sa chambre, et cherchait toutes sortes d’excuses pour ne pas y aller maintenant.

Il se trouvait donc dans un des nombreux couloirs du château, à la recherche de la chambre de son irlandaise préférée - qui n’était pas vraiment irlandaise, mais chut -, et avait allumé la lumière, parce que… ça réchauffait ? Hum… Ou pas. Quoique peut-être bien que si, en fait, puisque quand elle s’éteignit, ladite lumière, il eut l’impression d’avoir plus froid. Et franchement, il avait quand même de quoi avoir froid… Sorti à peine de l‘eau glaciale du lac, il avait enfilé ses vêtements sans pouvoir se sécher au préalable, puisque pas de serviette - il n’en avait pas vu l’utilité, plus tôt… u.u -, et c’était peut-être pire que s’il ne les avait pas remis, ses vêtements, puisqu’au moindre courant d‘air, il avait l’impression de recevoir un seau rempli de glaçons sur tout le corps. Et sans lumière, il lui semblait ressentir ces courants d’air de manière beaucoup plus constante, de quoi le faire frissonner sérieusement.

Fermant les yeux, lors d’un énième frissonnement, il crut rêver quand il entendit cette voix féminine qui résonna agréablement à ses oreilles… Pourtant, quand il rouvrit les yeux, et qu’il scruta le couloir qu’il avait pensé désert, il vit apparaître un visage, éclairé par le clair de lune qui passait par la fenêtre… De là où il était, il ne pouvait pas très bien le voir, ce visage, mais il lui semblait très doux, et très agréable, aussi. Loin d’en avoir peur, il s’était redressé, et souriait, les sourcils levés.

- Ah ! Ben voilà ! Je savais bien que c’était vrai…

Et oui, Maxou. C’était vrai… Personne ne résiste à ton charme, pas même les fantômettes irlandaises…
Le plus naturellement du monde, il plongea les mains dans les poches de son jean, et poursuivit, sur le ton de la conversation.

- Mais vous êtes en retard, quand même… Ou non ! Vous aimez vous faire attendre… C’est ça ?