Tristan s’était levé d’un mauvais pied ce matin et il semblerait que rien ne puisse faire en sorte qu’il soit de bonne humeur. Les cours étaient passés avec une lenteur exaspérante, il faut bien l’avouer. Début d’après-midi, au réfectoire, des guignols lui avaient dit qu’il n’y avait plus de place ailleurs. Des filles, en plus. Habituellement, ce genre d’attention lui aurait fait plaisir, mais ces jours-ci, il n’avait pas du tout envie de draguer, ni de se faire draguer. Ce n’est pas parce que c’est un alpha qu’il a toujours envie de faire ce que les autres font. Ses doigts commençaient déjà à le démanger. Le jeune homme n’avait plus que deux heures de cours à supporter avant d’aller faire ce qu’il aime enfin. Deux heures de droit, qu’il avait été obligé de prendre à cause de son père. On ne peut pas renier le seul être qu’il nous reste et dont on se souvient. Puis, la sonnerie, enfin.

Se dirigeant vers la salle de musique, il entend de la musique. Une musique, comment dire, qui n’est pas du tout dans son genre. Tristan entre sans frapper et découvre Veynus entrain de chanter et de danser. Un sourire commence à s’afficher sur son visage et il prend soin de fermer la porte, au cas où quelqu’un rentrerait. Il semblerait que quelqu’un puisse quand même ensoleiller le reste de sa journée.

« - Je vois que mademoiselle n’a rien d’autre à faire que de se déchainer … »

Le jeune homme s’approche de la chaîne HIFI et l’éteint sans lui en demander la permission. Il avait envie d’une toute autre musique, de celle qu’il joue par lui-même. C’est sa mère qui lui a appris le piano alors qu’il n’était qu’un gosse. Il a ça dans le sang ne cessait-elle de répéter et il s’est toujours plu à le croire. Depuis, il s’entraîne ici, ne pouvant pas vraiment ramener un piano dans sa petite chambre universitaire. Son père avait bien insisté pour lui offrir un appartement, mais il a refusé, tout simplement. Un étudiant comme les autres voulait-il être. Il ne le sera jamais vraiment.

« - Je vais te jouer un vrai morceau. »

Il s’installe sur le tabouret devant le piano et ses doigts ne le démangent plus, il sait qu’il va enfin pouvoir jouer. Un doigt sur une touche, suivit d’une main, puis de l’autre. Une mélodie enivrante qui ne peut l’empêcher de fermer les yeux et de savourer cet instant avec la seule fille avec qui il aimerait être à ce moment là.