With or without you ... | - Desmond -|

JANVIER 2010

Le soleil est revenu pour le temps d'une journée, apparemment. J'en profite alors de ce fait pour enfiler un jean, et un t-shirt assez court. J'attrape mon Ipod qui était lâchement posé sur mon lit, l'impression que mes gestes sont rapides me ferait presque tourner la tête, mais j'ai toujours un sourire figé sur mes lèvres. J'adore l'hiver, qu'on ne s'y trompe pas, mais pour une fois, le soleil est le bienvenu, histoire d'arrêter mes pensées stupides qui ne vont que vers un certain garçon pour enfin voir autre chose.

Je sors de ma chambre, et cours presque pour atteindre le dehors. Je ne sais pas réellement où aller. J'ai mon Ipod, un livre dans mon sac, et un soleil presque parfait. Alors je me décide enfin, pour un lieu presque trop banal. Le parc, tout simplement.

Mes pas sont rythmés, et je ne regarde pas le monde autours de moi, je me contente de filer vers le but que je me suis fixée. De toute évidence, le monde autours de moi ne me remarque pas, alors pourquoi devrais-je perdre du temps à remarquer qu'ils existent.

Après quelques minutes le parc s'offre enfin à moi, les gens semblent tous de sortir aujourd'hui, mais peu importe. Je me trouve un endroit tranquille, et m'assoie dans l'herbe tout de même humide; surement le temps qu'il faisait hier. J'allume mon Ipod, et retrouve mes premiers amours ; U2, l'impression que ça fait des années que je n'ai pas entendu la voix du chanteur me perturbe le temps des premiers accords de With or Without you.

Au moment où je me décide à fermer les yeux pour m'imprégner intégralement de cette chanson que j'affectionne tant, je remarque un visage qui ne m'est pas inconnu ... Mais bizarrement je ne saurais même pas dire son prénom ? Qui est-il déjà, le garçon qui un jour sans que je le comprenne m'a volé un baiser ?

Je me lève d'un bond, retire mes écouteurs, sors de l'herbe, trébuche presque et j'arrive finalement devant lui, ne sachant pas quoi dire je pince mes lèvres, avant de lui dire, accusatrice malgré moi ;

- Toi !

Invité

Samedi, début d’après-midi. Jambes et bras écartés, la tête dans la verdure, les yeux fermés, j’arrachais, par habitude, l’herbe qui tombait sous mes doigts. Les yeux clos, baignant dans la chaleur du soleil, un sourire affiché sur mes lèvres, j’étais bien, là. A écouter la si jolie mélodie que chantait les oiseaux environnants, loin du bruit et de la pollution. Et pourtant, pourtant, je savais parfaitement que j’étais au beau milieu d’une ville. Mais le simple fait de fermer les yeux pour m’envoler loin d’ici laissait libre court à mon imagination. M’enfuir, partir. Pour oublier, cette amas de mensonges, cette vie bousillée, cet argent…

Le soleil avait subitement disparu, je ne le sentais plus peser sur mon visage. Aucune luminosité ne traversait mes paupières. Et pourtant, les rayons de l’astre géant continuait à taper contre mes doigts, j’avais chaud en dessous de ma veste. J’entrouvris les yeux. La tranquillité était trop demandé. Un individu était penché au-dessus moi. Fais surtout comme si j’étais pas là, hein !

« Toi ! »

Moi ? Quelle était l’idiote qui m’agressait alors que je n’avais encore rien fait susceptible de me prendre des accusations à la gueule ? Je me redressai, visiblement vexé d’être ainsi dérangé, pour je-ne-sais-quelle-raison. Elle ! Ma première réaction fût de chercher une issue de secours. Impossible. Derrière moi, un buisson m’empêchait de reculer, devant, il y avait elle…Je perdis quelques précieuses secondes à l’observer, ne pouvant m’empêcher d’esquisser un sourire.

J’ignorais ce qu’elle me voulait, au juste. Me reprocher de lui avoir volé un baiser sans même me présenter, ou alors, essayer de comprendre ? A vrai dire, les explications de mon geste ne m’étaient jamais vraiment venues en tête, non plus. Je me relevai, m’appuyant sur mes deux mains, mon regard bleu toujours planté dans le sien. Je me frottai la tempe, avant de lui répondre, ignorant ce qu’elle attendait de ma part :

« Hem…Oui ? »

Le pire, je crois, c'est que le Monsieur a l'air surprit de me voir devant lui à l'accuser de quelque chose. On se réveille mon petit, c'est toi qui m'a embrassé alors que je n'avais rien demandé ! Je ne suis pas folle quand même, je ne l'ai pas rêvé ce baiser ... ? Paige réfléchis, est ce que le jour où ça s'est passé tu avais pris ces fameux petits cachets dont tu ne peux pas te passer ?

J'attends une réponse, n'importe quoi, une explication, bon sang ! Mais l'explication ne vient toujours pas, il esquisse un sourire, et cette action fait naitre le mien. Il est vrai que pour peu la situation porte à rire, mais moi pour l'instant je n'ai pas envie de ça ! Alors je retrouve mon sérieux tandis que lui se frotte le visage, prêt à me répondre peut être ?

« Hem…Oui ? »

J'écarquille les yeux, euh ... On rembobine, c'est ça sa réponse ? Réellement ça ? La tête me tourne presque de le voir agir comme ça ! Insupportable, n'est ce pas ? Allez joli cœur, excuse toi ! Mais non, rien, sa réponse est bien celle là !

Si je pouvais grogner je l'aurais fais, mais on en est pas encore à l'état animal. Alors je le regarde, et baisse carrément les épaules, mon assurance totalement perdue à cause de ses deux petits mots. A défaut de grogner, je lâche un soupir, et me laisse tomber à côté de lui. Qu'il le veuille ou non, pour l'instant, je ne compte pas s'en sortir comme ça.

Je rabat mes jambes vers mon ventre et passe mes bras autours de ces dernières, regardant devant moi, je n'ose plus croiser le regard de mon inconnu. Soupirant encore, je me surprends à frissonner, je ne pensais pas que je me sentirais autant mal d'être à côté de lui sans savoir quoi lui dire. Mais je me décide enfin, tentant le sarcasme ;

- T'embrasse souvent des filles sans raison ?

Je tourne mon visage vers le sien et tente d'accrocher son regard comme je le peux. Alors, monsieur, tu y réponds réellement à ma question, s'il te plait ?

Invité

Spoiler:

Sans nul doute, ma réponse avait dû la surprendre. Rien qu’à regarder son visage, ses traits, son regard, je m’en rendais compte. Mais non, non…Je n’avais rien d’autre à déclarer quant à son agression envers moi. Bien que je me doutais de la raison de son subit intéressement à moi, je n’étais pas censé savoir, au premier coup d’œil, ce qu’elle me voulait. Et puis, merde, quoi ! D’accord, si elle voulait, je l’avais embrassé, je m’étais enfuis, je voulais bien avoir la bonne foi de l’admettre mais qu’on me laisse vivre. Ce n’était rien de plus qu’un simple baiser, pour elle. Elle ne me connaissait pas, elle ne savait pas que pour le spécimen « Desmond » ça n’avait rien de si banal, et je ne comprenais décidément pas son entêtement à me comprendre et à venir m’emmerder un jour de repos, qui soit dit, avait été bien mérité. Allez, au revoir, fous le camp, Mademoiselle l’inconnue ! Je remarquai finalement, surpris, que mes pensées allaient à l’encontre de mes envies. Parce que oui, si d’une part, je n’avais pas envie de répondre à ses putains de question, de l’autre, elle m’intriguait et le désir d’en apprendre plus sur elle me tiraillait. Certes, mais il était hors de question de lui avouer à quel point elle était devenu une obsession pour moi, en quelques semaines. Et je ne me laisserais pas déstabiliser par elle, pas aujourd’hui…Même si je n’en étais pas si certain que je ne voulais l’admettre.

Elle finit par s’assoir à côté de moi, replié ses jambes et se mettre à son aise, tout ça, sous mon regard interrogateur. Tu veux peut être aussi qu’on commence à taper la discussion sur le beau temps et la pluie, comme de vieux potes ? Eh, réveille-toi, on a pas gardé les chèvres ensemble, hein.

« T'embrasse souvent des filles sans raison ? »

Première réaction, premier coup d’œil au ciel. Ahah…Souvent…Pour qui est-ce qu’elle me prenait, au juste ? Un coureur de jupon ? J’étais tenté de ne pas y répondre, à son interrogation pour le moins stupide. Elle se tourna vers moi, je plantai quelques secondes mes yeux dans les siens, avant de détourner le regard. N’essaye même pas, ne crois pas pouvoir m’avoir comme ça, tu ne liras rien là-dedans. Je lui adressai, néanmoins, un sourire hypocrite, mais avant tout ironique, question de lui faire comprendre que je me moquais bien d’elle et que je ne dirais pas les mots qu’elle voulait entendre dans ma propre bouche.

« Nop…C’est même la première fois. »

J’aurais peut être dû l’envoyer bouler comme je savais si bien le faire, mais rien que son visage angélique m’empêchait de le faire. Elle avait au moins la chance que je sois honnête et que j’aie répondu à sa question, sa réelle question, pas ses sous-entendus. Parce que non…Je ne sautais pas sur toutes les filles pour leur voler un baiser. Je n’ai rien à rajouter à ma plaidoirie de défense…Mon regard tomba sur une famille, en plein pique-nique, alors que j’attendais une quelconque réponse de mon inconnue. Un pincement au cœur me prit quand je remarquai leur bonheur, à tel point que mon visage s’était figé. Ressaisis-toi, tu n’as rien à leur envier, Desmond…Tais-toi, la Voix. Eux, ils sont heureux comme je n’ai jamais pu l’être.

« Nop…C’est même la première fois. »

- Pourquoi moi ?

ublie ça, je vais te laisser, de toute évidence, tu n'as pas envie qu'on parle.

Invité

Je secouai la tête, pour effacer cette image qui persistait devant mes yeux bien que j’aie déjà tourné la tête vers la verdure qui s’étendait devant moi. Je fermai les yeux, seul moyen pour moi de m’échapper de ce monde, de ces gens heureux qui avait envahi ce foutu parc, et en partie, de cette discussion. Cette même discussion qui, même si je n’en laissais rien paraître, me perturbait. Parce que, certes, je n’avais toujours pas envie de m’exprimer, mais mon interlocutrice était…Différente. En réalité, il était vrai, je ne voulais pas parler, je tenais juste à ce qu’elle reste là, avec moi, qu’elle m’accorde rien qu’un peu de son intention, rien qu’une partie infime comparé à ce que je lui en léguais, de la mienne, lorsqu’elle était à portée de ma vue. Stupide. Elle ne resterait pas là, assise, à perdre son temps. J’avais beau savoir que c’était complètement con, rien ne m’empêchait de rêver, hein ?

J’avais répondu à sa question d’une facilité surprenante, et apparemment, je n’étais pas le seul à en avoir été étonné. Je me tournai vers elle, contre ma volonté, entendant un soupir. Elle apprendrait bien vite qu’il fallait toujours se contenter des réponses les plus simples, avec moi, si encore j’acceptais de dire quelques mots. Moins j’ouvre la bouche, mieux je me porte. Et finalement, elle murmure deux mots, pourquoi elle ? Elle en pose de ces questions…Si seulement je le savais déjà moi-même. J’aurais très bien pu tenter de lui expliquer à quel point elle m’intriguait, mais j’étais persuadé qu’elle ne me comprendrait pas et que, de toute évidence, je passerais plus pour un pervers ou un taré que pour un incompris. Taré est le plus envisageable, mais il ne me semble pas être ni l’un, ni l’autre…Elle reprit la parole, mon regard croisa le sien mais je ne m’y attardai pas.

« Oublie ça, je vais te laisser, de toute évidence, tu n'as pas envie qu'on parle. »

Mon premier réflexe ? Poser ma main sur la sienne, question de l’empêcher de se relever. Je doute que ça l’oblige à rester ici, physiquement parlant, moralement, j’ai peut être mes chances…Ce serait peut être encore mieux d’ajouter les paroles aux gestes. Peut être. Mais je ne tenais pas du tout à la supplier, à dévoiler une partie de moi, et c’est ainsi que je répliquai, le regard posé sur elle :

« Si tu crois que c’est une solution…Je veux juste connaitre ton prénom, avant que tu partes. »

Ah oui, je vais aller loin, avec un simple prénom. Je viens enfin de comprendre l’intérêt de tourner sept fois la langue dans sa bouche avant de parler. Qu’est-ce que je peux être con, des jours…

Mon corps s'apprête à s'agiter, je veux partir loin d'ici, puisqu'on ne veut, de toute évidence, pas de moi. Je ne suis pas du genre à rester avec quelqu'un qui n'a pas envie de me parler, déjà que moi, parler c'est pas mon fort, lui n'arrange pas les choses. Alors autant stopper les souffrances des deux protagonistes de l'histoire, je me casse et on ne s'adressera plus jamais la parole. Ok ?

Et alors que je défile chacun de mes membres, que j'essaie de me relever, sa main se pose sur la mienne. Je devrais, l est vrai, le regarder dans les yeux à se moment là, mais non, mon regard reste posé sur cette main qui ne devrait pas toucher la mienne. J'ai dit que j'allais partir, c'est ce qu'il voulait, alors pourquoi ce mouvement là ? Putain, il a pas le droit de faire ça, égal à son baiser.

« Si tu crois que c’est une solution…Je veux juste connaitre ton prénom, avant que tu partes. »

Cette fois ci, mes yeux rencontrent les siens, je me sens idiote. Idiote parce que oui, on aurait dû commencer par ça, en fait. Moi c'est Paige et toi ? C'est peut être bien ce que j'aurais du dire au lieu de l'accuser de quelque chose. Allez Paige, on se réveille, dans le monde d'aujourd'hui, un baiser, n'est finalement, qu'un baiser. Rien à chercher derrière, cette histoire n'a pas de sens, parce qu'elle ne doit pas en avoir.

Je crois ressentir que mes joues se pourprent sans que je ne le contrôle. Elles auraient se pourprées il y a bien longtemps, quand on réfléchit, je suis assise devant un inconnu, et je l'accuse de m'avoir volé un baiser. C'est normal, n'est ce pas, que je me sente idiote maintenant ?

J'incline le visage, décontracte chacun de mes muscles qui étaient prêts à s'animer afin de m'enfuir loin de là. Je lâche même un soupir, synonyme que oui, je vais lui donner mon prénom, et que ouais, je ne me battrais pas plus longtemps pour savoir le pourquoi du comment.

Parce qu'il faut l'avouer, d'une Paige Fawcett on s'en fiche, elle n'a rien d'une belle poupée en porcelaine, on l'embrasse cette fille là, juste pour se payer sa tête. Et en gentille fille qu'elle est, elle l'accepte. Je soupire, déçue une nouvelle fois d'être moi, comme ça.

- Je m'appelle Paige, mais tu n'es pas obligé de t'en souvenir, j'ajoute en pensée. Et toi, tu me donnes un prénom ou je suis condamnée à me souvenir de toi comme l'inconnu qui un jour pour s'amuser m'a embrassé ?
Réponds ce que tu veux, mon joli, joues sur les mots que je viens de prononcer, dis lui, à cette Paige là, que tu ne t'amusais pas, tu te riais d'elle, tout simplement. Je ferme les yeux, et éloigne mes mains le plus possible de lui. Après ça, je te laisse, n'est ce pas ?