Rentrée, rentrée… ça lui faisait bizarre, à Max, de se dire que c’était la rentrée, et que les vacances étaient déjà finies. Il faisait encore tellement beau, et tellement chaud… Pourtant, il aurait dû être habitué à ça, lui qui venait de Vegas, la ville où il faisait toujours beau et chaud. Sauf que cela faisait déjà plusieurs années qu’il avait quitté Vegas, pour cette magnifique ville qu’était Providence. Bon, certes, au début, elle n’avait pas été si magnifique que ça, mais avec le temps, il n’avait juste plus réussi à la quitter. Etait-ce le climat ? Le lycée ? Les élèves ? Il ne savait pas. Mais une chose était sûre, il était plutôt content d’être à nouveau là, pour cette nouvelle année qui commençait, à la fac de Brown.
Et ça aussi, d’ailleurs… Qui aurait cru qu’il entrerait dans cette prestigieuse université de l’Ivy League ? Lui, le boute-en-train, celui qui faisait rire, parfois… Celui qu’on prenait pour un fou, souvent… Et celui que personne ne comprenait, au final ? Il n’avait pas changé, depuis le lycée. Il était toujours le même. Avec exactement les mêmes passions : Filles, fête, fric. C’était devenu un vrai slogan, pour lui. Un slogan qui amusait parfois Baby Doll… Qui lui arrachait un soupir, aussi, parfois… Mais rien de bien méchant, en soi. Max, lui, ça le faisait sourire. Vous imaginez, en tant qu’Alpha - ex Hot Jock -, avoir une meilleure amie qui commente chaque fille avec qui vous sortez ou voulez sortir, et qui vous aide même parfois à atteindre votre but, en laissant traîner ses oreilles dans les vestiaires ou les dortoirs ? Vous imaginez ? Lui, ne l’imagine pas. Lui, il est fier d’avoir sa Baby Doll de meilleure amie à ses côtés. Et peu importent les mauvaises langues, et peu importent les remarques qu’elle reçoit parfois. C’est son amie, donc elle est sous sa protection. La protection de Max La Menace… Oui, bon, il n’a pas vraiment l’air d’une menace, comme ça, mais ça n’est pas l’image qu’il veut donner non plus. Mais il a de l’influence, et ça, c’est indéniable. Oui oui, vous avez bien lu, de l’influence. Il faut bien que ça serve à quelque chose, d’avoir de l’argent…
Ah oui, et accessoirement, ça lui servait à payer la fac, aussi… Parce que forcément, Brown n’était pas à la portée de toutes les bourses, mais elle était bien évidemment à la portée de la sienne. Il n’avait aucun problème d’ordre financier, pour tout vous dire, et ne savait sans doute même pas à quoi ça pouvait ressembler, un « problème d’ordre financier ». Mais il en avait d’autres, des problèmes… Par exemple, ce jour-là - celui de la rentrée, rappelons-le -, il avait dû ramener ses affaires à Harkness House, la maison de sa confrérie. Oui oui, le matin de la rentrée… Il n’avait pas pu le faire avant, parce que Rutherford Senior avait exigé la présence de son fils à un banquet en l’honneur d’il-ne-savait-plus-quel-sénateur, qui avait eu lieu la veille. Or, c’était précisément ce jour-là que Max avait prévu de déménager - parce que Max ne serait pas Max s’il ne faisait pas tout à la dernière minute, vous vous en doutez bien… Donc, il avait fait ça le matin même… Et il avait dû se lever tôt, donc. Le problème avec Max, c’est que quand il décide de se lever tôt, c’est vraiment tôt. Genre… trop tôt. Et il avait fini son déménagement bien avant le début des cours, ce qui lui avait permis de flâner un peu sur le campus, découvrir les nouvelles têtes, saluer les anciennes connaissances… Et voir des visages qu’il n’était, malgré tout, pas prêt d’oublier.
Et le visage du jour était… attention mesdames et messieurs, le suspense est à son comble… Sarah Isael. (Comment ça, y’avait aucun suspense ? Chut, c’est moi qui raconte.) Pour être tout à fait exact, avant son visage, c’était sa longue chevelure blonde qu’il avait reconnue. Mais est-ce vraiment important ? Vous y auriez sans doute trouvé plus d’intérêt si je vous avez dit qu’il avait d’abord reconnu sa silhouette parfaitement féminine, ou alors une partie de son corps en particulier que je préfère passer sous silence, au risque de faire passer Max pour un pervers… - Ah ? C’est ce qu’il est ? Zut alors… Je m’en souvenais même plus *Sbaff* -. Je disais donc… ahem.
Il l’avait reconnue. Quelle que soit la manière dont il avait fait, et quelle que soit la partie de son corps qu’il avait vue en premier, il l’avait reconnue. Et un sourire était apparu sur ses lèvres, alors qu’il s’était approché d’elle, sans hésitation aucune. Appuyé contre le casier juste à côté du sien, caché par la porte qu’elle ne tarderait pas à refermer, il l’observait, attendant qu’elle le remarque. Qu’elle le voie, qu’elle sursaute, qu’elle soit surprise… C’était tout ce qu’il attendait. C’était tout ce qu’il voulait : surprendre. Et ça n’avait pas loupé. Il n’avait pas attendu trente secondes qu’elle avait, effectivement, fermé son casier, et sursauté.
- Bien le bonjour, mademoiselle Isael.
|