Quelle belle ville que Providence, une ville à la fois fleurie et rayonnante devant tout ses jeunes habitants, pour la plupart étudiants à Brown, la célèbre université. Ici, l’ambition et l’espoir sont côtes à côtes entre les futurs médecins et futurs avocats. La nouvelle génération Ultra-Bright, lisse et sans défauts. Sauf que parfois, comme dans toutes ville, on y trouve aussi des gens qui tranchent, des gens qui n’ont pas un sourire colgate, qui n’ont pas un avenir tout tracé voir une jeunesse dorée mais des gens qui ont vécu ou dont la vie y a laissé des marques indélébiles. Des rides, des tatouages, des cicatrices, des comportements…Oui, a Providence, il y a aussi ces gens qui semblent déphasés…voir désaxés…Prenons l’exemple de ce jeune gars installé au bar du Cavern Show, bon sang de bonsoir, d’ou sort ce gamin tatoué de partout, rasé à l’iroquoise, au rire rayonnant, probablement du à l’alcool consommé (en bières en plus, tout de même !) mais au regard d’acier à la fois enfantin et marqué par les épreuves de la vie. Il rit aux blagues stupides des autres habitués du bar. Il est assis le dos légèrement courbé, accoudé, la tête posé sur sa main, prêt à rire à nouveau à la moindre prochaine occasion. D’ou il sort ? Pourquoi reste-t-il a traîner avec des inconnus et à siffler moult boissons ? Dieu seul le sait. Quoique le pauvre barman doit en avoir une petite idée, quoique, le jeune homme ne lui parle pas de lui, au contraire, voilà bien le cinquième soir qu’il vient au bar, d’habitude, le jeune homme, nommé Ebenezer, ne s’occupe pas de lui, du moins, il prête surtout attention aux histoires de ses collègues de beuverie, bien que lui même n’en abuse jamais qu’au barman. Et pourtant, quand ceux-ci se retirent petit à petit, Eben se retourne alors vers le dernier restant au bar, le barman lui-même. Au début, il racontait des blagues ou des petites histoires sans intérêt profond, d’ailleurs Eben lui même n’avait aucun intérêt à ses bavardages, passant parfois du coq à l’âne au beau milieu d’une phrase. Ainsi avaient-ils appris à se connaître. Quel modèle de patience ce barman tout de même !

Ce soir là, Eben se sentait d’humeur taquine…entendez par là qu’il pose toutes les questions dont on a pas envie de répondre et qu’il cherche à emmerder son interlocuteur…

Toujours accoudé, Eben fait un sourire joyeux au pauvre Willie bien obligé de « participer » à ces entrevues…

Le rire éclatant de ce jeune garçon, adossé au bar fit sourire Willie. Ce dernier servait un jeune homme avant de venir essuyer le comptoir à l‘aide d‘un torchon. Un précédent client avait par malheur renversé son verre. Frustré, il n‘avait pas prit la peine de s‘excuser et s‘était donc éloigné sans rien dire, marmonnant à lui-même des injures. Sa silhouette svelte avait disparue à travers la foule de danseurs qui se trémoussaient sur la piste. Le barman eut un moment de répit - chose qui était rare. Celui-ci observait toute la foule, de ses yeux profondément noisette. Comme il se doit, l‘ambiance était à la fête malgré qu‘il y eu en début de soirée un petit malentendu entre deux jeunes qui fut vite calmé par Willie. Rien de bien grave donc. Il se passa une main dans les cheveux et pinça le col de son tee-shirt pour le secouer avidement, lui apportant un moindre souffle de fraîcheur sur sa peau. Hélas, trop insuffisant pour le satisfaire. L‘heure tournait, certes mais bien trop lentement à son goût. Combien de fois penses t‘il à sa fille dans une soirée? Combien de fois s‘est il dis un jour qu‘il n‘était pas assez là pour elle mais comment faire? Se contenter de son poste de surveillant à l‘Université de Brown? Cela lui permettrait de passer davantage de temps avec Paulynn mais s‘il travaillait si longtemps, c‘était pour cette dernière. Willie voulait le meilleur pour elle. Celui-ci cilla des yeux, une jeune femme l‘interpellait.

Les habitués du bar libéraient le comptoir pour le plus grand plaisir du jeune homme. Les commandes allaient se calmer à vue d’œil, du moins devenir raisonnable. Il n’était pas seul certes mais c’était toujours appréciable de prendre son temps pour parler avec des personnes ou encore pouvoir sortir dehors pour prendre l’air. Jackie et Marry ses deux collègues l’invitèrent à sortir mais il refusa. Il prendrais sa pause plus tard, il garderait le bar au cas où de nouvelles commandes fuseraient. Willie adressa un sourire en coin à Marry et soupira alors quand ils furent partis.

La musique résonnait dans sa tête. Une voix s’éleva à travers celle-ci. Willie ne fût pas surpris de voir une tête aux cheveux noirs se poster devant la sienne. C’était un jeune garçon, fidèle au rendez-vous depuis cinq nuits peut être, et de façon consécutive. Sa compagnie était agréable malgré le fait qu’il parlait beaucoup - peut être agaçant pour certain mais pas pour Willie. Il avait beau faire son emmerdeur, son comportement l’amusait beaucoup surtout qu’il parlait toujours pour ne rien dire .. Ou presque car en fait, cela emmené toujours les deux hommes à discuter malgré le programme chargé du plus vieux. Entendre sa voix réjouissait Willie et il se demandait quand allait-il l’entendre car ce dernier ce tenait là, devant le comptoir depuis un moment déjà. Il était minuit et quart.