C'était un après-midi radieux et ensoleillé, et Sarah était de sortie au centre commercial. Après ces longues journées studieuses et ces nuits de folie, elle avait ressenti le besoin de prendre un peu le soleil - et de dépenser un peu de son immense fortune personnelle. Et pour ce faire, quoi de mieux que le centre commercial ? Un alignement sans fin de boutiques sur plusieurs étages, des petits cafés sympas et des cabines d'essayage parfaites, pour toute sorte de... d'activités. Voilà qui était parfait !

Depuis que son lycée avait brûlé, elle s'était vue rapatriée ici, à Mount Pleasant, et l'ambiance ne lui plaisait pas trop. Le bon point, c'était bien sûr que sa réputation de fille facile ne s'était pas encore répandue dans les couloirs - mais cela ne saurait tarder. Elle avait eu beau se promettre de se calmer et de rester sage jusqu'au bal de promo, les beaux gosses du coin lui inspiraient des pensées pas très catholiques. Ce serait dur de tenir sa résolution...

Du coup, pour se changer les idées et cesser de penser à toutes les activités récréatives dont elle se privait elle-même, Sarah avait décidé de sortir dépenser quelques centaines de dollars. La vitrine d'une boutique de lingerie attira son attention et elle se rapprocha, curieuse. sarah a-do-rait essayer de la lingerie. Elle la choisissait toujours très osée, mettant ses formes généreuses en valeur. Elle jubilait secrètement de se balader avec de tels sous-vêtements sous son uniforme. Petite vengeance contre le système...

Elle entra dans la boutique et se dirigea vers le présentoir qui exposait l'ensemble qu'elle avait repéré en vitrine. Mmm... Un string minimaliste en dentelle rouge, et un soutien-gorge délicatement ajouré. Pourquoi pas ! Elle se munit des articles et se dirigea vers les cabines d'essayage, slalomant entre les femmes présentes dans la boutique.

*Rhoo... Mais je vais attendre combien de temps, moi ?!*

En effet, il y avait bien une vingtaine de personnes stationnées devant les cabines. Une file d'attente remarquable... Sarah héla, d'un geste plein d'assurance, une vendeuse qui passait non loin, les bras chargés de lingerie.

- Excusez-moi, pourquoi tout ce monde aujourd'hui ?
- Nous venons de recevoir des articles exclusifs, à prix cassés jusqu'à ce soir, mademoiselle...

Ah. Le bouche à oreille avait dû faire chauffer les téléphones... Sarah hésita. Devait-elle patienter, ou partir et revenir le lendemain ?

Sarah avait décidé de patienter. Debout au milieu de la horde de femmes déchaînées, elle avait décidé que cet ensemble serait pour elle, et en conséquence, faisait le pied de grue devant les cabines. Cinq minutes... Dix minutes... Vingt minutes... Une demi-heure... Tois quarts d'heure...

Au bout d'une heure de queue, la file avait à peine avancé et Sarah pestait. Une petite vieille d'au moins soixante-quinze ans tenait à toute force à rentrer dans un combiné en dentelle noire qui ne pouvait pas, mathématiquement, lui aller. Les vendeuses désespérées ne savaient plus comment s'y prendre pour convaincre en douceur la personne âgée de quitter les lieux, et les deux hôtesses évoquaient à mi-voix la possibilité de l'évacuer manu militari. Si, encore, il s'était agi d'une gentille petite retraitée paisible et raisonnable... Mais non !! C'était une vieille rombière hargneuse et agressive, qui tapait tout un scandale parce que les pauvres vendeuses ne parvenaient pas à trouver l'article désiré dans sa taille. Franchement... avec autant de graisse, et des cheveux aussi mal entretenus, c'était un crime que de poser ne serait-ce qu'un seul orteil dans la boutique de luxe.

Sarah finit par perdre patience. Quittant la file d'attente, elle marcha droit sur l'encombrante bornée et se planta devant elle.
- C'est pas bientôt fini, ce cirque ? Je vous signale qu'on est quarante à attendre notre tour, depuis une heure, et vous bloquez la seule cabine ! Virez votre gros cul de là, de toute façon, ce truc-là, ça vous ira jamais !

Tandis que la vieille, estomaquée, la dévisageait bouche bée, Sarah se tourna vers les vendeuses.
- Brûlez-le, maintenant qu'elle l'a essayé, ce sera plus jamais portable !

Et acheva en s'adressant aux autres clientes, toutes aussi énervées qu'elle.
- J'ai pas raison ?

Devant les murmures approbateurs qui parcouraient la foule, mais voyant que personne ne bougeait, Sarah perdit patience. Elle colla vigoureusement ses articles dans les bras de la vendeuse qui croulait déjà sous les pièces de lingerie, et se dirigea à grands pas vers la sortie en maugréant.

- C'est toujours pareil, ici, y'en a que pour les vieilles rombières qui jouent à faire les belles ! J'en ai marre, je m'en vais. Vous venez de perdre une cliente fidèle !

Hurla-t-elle à la caméra de surveillance. Elle tenta de rejoindre la sortie en se faufilant dans la foule qui avait envahi la boutique, bousculant des personnes à droite, à gauche, s'excusant d'un marmonnement indistinct. Sarah ne s'énervait pas facilement, sauf sur les imbéciles du genre d'Aiden Kist, mais quand la moutarde lui montait au nez, elle explosait généralement avant de retomber. Et dans ces cas-là, malheur à l'infortuné ou à la malheureuse qui se trouvait sur son chemin.

Elle finit par percuter un obstacle qui offrait plus de résistance que les autres et le heurta de plein fouet, tombant au sol après s'être pris les pieds dans le socle d'un portant à vêtements. Énervée pour de bon, elle s'adressa au dit obstacle.

- Vous pouvez pas regarder autour de vous, non ? Vous voyez bien que je veux sortir !

Elle se releva péniblement et se retrouva face à une jeune femme de son âge. Elle connaissait ce visage, d'ailleurs - l'aurait-elle déjà croisée au lycée ?

[HJ : Messages plus courts maintenant qu'on engage le dialogue, ce sera plus dynamique !]