J'avais dans le coeur, une indicible rage qui me poussa à quitter mon dortoir. Je vis mon reflet dans une vitre et j'eus presque peur, sous mes yeux vitreux, se tenait un visage n'ayant que trop peu côtoyé le soleil. J'ai pris les rues achalandées, me retrouvant dans je ne sais quel quartier. N'ayant pas dormi depuis quelques jours, j'eus un moment de faiblesse, la tête qui tourne et les jambes molles. J'ai poussé la porte du premier endroit embaumant le café qui est apparu devant ma personne. Je m'imagine dans la tête de mon personnage. C'est un meurtrier. Un homme dangereux au sourire charmeur. J'aimerais avoir son audace et sa fougue. Plutôt que de rêver éveillé, je me contente de marmonner ma commande au comptoir. J'ai le tête qui tourne à renfermer les répliques de mon personnage qui me montent à la gorge. Je ferme les yeux et me dirige à une table avec mon grand café. J'en sors mon calepin et mon stylo, soudainement inspiré par la médiocrité de l'endroit qui se veut hip.

Quelle merde! Dix-huit pages et trois cafés plus tard, mon stylo vient à manquer d'encre. Je soupire. Mes doigts se serrent en poings et mon coeur s'affole. J'ai le coeur au bord des lèvres, besoin de mettre sur papier ce qui m’étouffe. Je me tourne vers la personne occupant la table à ma droite. Je pose ma main sur son épaule et lui demande poliment.

« Vous n’auriez pas un stylo sur vous ? » Je lui souris, timidement, les mains dans les poches alors que je la regarde de sous mes cils, n’osant pas la regarder directement dans les yeux. Je ne suis pas habitué de parler aux gens, mais je sais comment les amadouer. Pourquoi dirait-elle non à un pauvre étudiant studieux qui contrairement à la majorité des individus mâles de l’université n’a pas cherché à lui mater la poitrine. Allez, dis oui et file moi de quoi écrire, j’en ai besoin, tu ne vois pas que j’en crève de ne pas pouvoir m’exprimer. . .